Le gouvernement opère un vaste mouvement dans la préfectorale

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La première ministre, Elisabeth Borne, à la sortie du conseil des ministres, à l’Elysée, le 13 juillet 2023.

En début d’été, la ronde des préfets est généralement substantielle. Les représentants de l’Etat dans les territoires sont révocables sur un claquement de doigts, et chacun d’eux sait qu’il peut être prié de faire ses cartons du jour au lendemain pour aller s’installer à l’autre bout du pays. Mais l’été, qui offre souvent un peu de répit à la marche de l’administration, est une période propice à un vaste jeu de chaises musicales dans les préfectures. Le mouvement 2023, annoncé jeudi 13 juillet par le gouvernement réuni en conseil des ministres, n’y coupe pas, tout en se distinguant des précédents.

D’abord parce qu’il est d’une « ampleur inédite », souligne le ministère de l’intérieur : deux préfets de région, vingt-six préfets de départements métropolitains, trois préfets d’outre-mer et cinq préfets délégués. Le « dernier grand mouvement » avant les Jeux olympiques et paralympiques, affirme-t-on de même source.

C’est en effet « totalement inédit sous la Ve République », confirme Gildas Tanguy, maître de conférences en science politique à Sciences Po Toulouse. Même si, souligne le chercheur, de grands chamboule-tout se sont déjà produits au XIXe et au XXe siècles, mais dans des configurations politiques bien différentes. Et, cela dit, les alternances politiques (l’élection du président de la République socialiste François Mitterrand en 1981, puis celles de Jacques Chirac en 1995, de Nicolas Sarkozy en 2007 et même l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée en 2017) n’ont jamais donné lieu à un tel mouvement. Bref, note M. Tanguy, il s’agit bien d’un « “Big Bang” politique et institutionnel ». Car il faut, en outre « l’analyser comme la suite logique de la nouvelle politique managériale et plus largement de la réforme de la haute fonction publique développée par le président de la République depuis 2017 », poursuit le maître de conférences.

Depuis 2019, en effet, Emmanuel Macron a réformé en profondeur l’Ecole nationale d’administration (ENA), devenue Institut national du service public en 2022. Plusieurs grands corps, les statuts qui régissent certaines fonctions de l’administration, ont également été supprimés. Ce fut le cas du corps préfectoral, du corps diplomatique ou de celui de l’Inspection générale des finances. L’idée du chef de l’Etat était d’en finir avec la noblesse d’Etat, d’abolir un système de « rente », dans lequel les meilleurs éléments de l’ENA, en intégrant les grands corps, étaient assurés d’un parcours professionnel abrité. En lieu et place, la réforme entend favoriser des parcours fondés sur le mérite et la diversité des profils. « Le président de la République est sans doute celui qui aura le plus bousculé ce grand corps avec des traditions et des rites bien ancrés », note M. Tanguy.

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