La loi européenne sur la restauration de la nature a été votée, mais des obligations et des objectifs chiffrés ont été supprimés

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La loi sur la restauration de la nature a survécu, mais à quel prix ? Mercredi 12 juillet, les organisations de défense de l’environnement disaient savourer une victoire « modeste ». L’adoption par le Parlement européen d’un texte visant à restaurer 20 % des terres et des mers de l’Union européenne (UE) d’ici à 2030 a été un soulagement, la proposition ayant failli être rejetée en bloc. Mais ce sauvetage ne s’est pas fait sans sacrifices : les législateurs se sont prononcés en faveur d’une version du projet de loi encore moins ambitieuse que celle adoptée par les Etats membres, déjà largement affaiblie par rapport à la proposition initiale de la Commission.

Il y a un an, celle-ci avait mis sur la table un projet de règlement robuste, contenant des objectifs juridiquement contraignants, pour s’attaquer frontalement à l’effondrement de la biodiversité. Mais, à l’approche des élections européennes, le texte est devenu la cible d’une intense campagne d’attaques et de désinformation de la part de la droite et de l’extrême droite.

« Il y a eu une tentative de faire dérailler le Pacte vert en rejetant cette loi et cela a été évité, c’est une bonne nouvelle pour le contexte politique général, note Sabien Leemans, chargée des questions de biodiversité au bureau politique européen du Fonds mondial pour la nature. Mais la loi sur la nature l’a payé cher. » « Le Parlement européen a adopté la loi, mais celle-ci a été saccagée par les intérêts de nombre de nos législateurs et nous nous retrouvons avec une coquille de loi », déplore aussi Ioannis Agapakis, juriste en protection de la nature au sein de l’organisation ClientEarth.

La restauration des écosystèmes agricoles écartée

Parmi les reculs les plus flagrants figure la suppression pure et simple de toutes les dispositions concernant la restauration des écosystèmes agricoles. Celles-ci obligeaient les Etats membres à mettre en place des mesures pour améliorer des indicateurs portant sur les papillons des prairies ou sur les oiseaux agricoles, et pour augmenter la part des terres abritant une forte biodiversité. L’article 9 du projet de réglementation visait également la restauration de tourbières ayant été drainées, avec des cibles de 30 % de ces zones restaurées d’ici à 2030, et 70 % en 2050.

« La disparition de cet article est très problématique car les tourbières, qui peuvent séquestrer beaucoup de carbone, sont un outil important pour lutter contre le réchauffement climatique, explique Sabien Leemans. On sait aussi que les éléments des paysages agricoles tels que les haies ou les cours d’eau sont fondamentaux pour protéger les insectes, les cultures face aux crues… » Au cours des derniers mois, les conservateurs du Parti populaire européen n’ont cessé de tenter d’effrayer les agriculteurs en prétendant, à tort, que cette loi allait entraîner une baisse de la production et une confiscation de certaines terres.

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