
Syndicats et patronat se sont montrés plutôt positifs, mercredi 12 juillet, à l’issue d’une réunion à Matignon avec la première ministre, Elisabeth Borne, pour jeter les bases d’un nouvel agenda social. Les participants ne sont pas partis d’une page blanche, s’appuyant sur la feuille de route issue de discussions menées en juin.
Emploi des seniors, parcours professionnels, prévention de l’usure professionnelle, accompagnement des reconversions professionnelles, compte épargne-temps universel, sur lesquels les partenaires sociaux sont convenus de négocier, étaient au menu des échanges.
L’enjeu était de savoir quelle place le gouvernement entend prendre dans ces discussions et s’il veut s’inscrire dans le cadre de l’article L1 du code du travail qui prévoit que le gouvernement encadre les négociations par un document d’orientation.
La cheffe du gouvernement a promis des documents d’orientation « larges » pour ces discussions tripartites, « qui laisser[ont] toute leur marge de dialogue aux partenaires sociaux », et redit son engagement à « transcrire fidèlement et intégralement dans la loi les accords qui seraient trouvés entre les partenaires sociaux directement ».
C’est « une réunion utile qui nous permet enfin d’avoir quelques actes posés », s’est félicitée la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, élue le 21 juin. « Les actes posés, c’est qu’il y aura bien l’ouverture d’une négociation ou de plusieurs négociations – cela reste à définir – à la rentrée », sur « la question des parcours professionnels, la pénibilité, les reconversions professionnelles, l’emploi des seniors, (…) le compte épargne-temps universel », a-t-elle précisé.
Renouer les fils du dialogue social
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s’est sans surprise montrée plus critique, estimant qu’« à ce stade les réponses données par la première ministre sont en décalage total avec les besoins ». Mais elle a aussi noté un « frémissement d’autonomie » d’Elisabeth Borne « face au patronat », celle-ci ayant accédé à la demande des syndicats d’engager les discussions sur le sujet de l’emploi des seniors et de l’usure professionnelle dans un cadre tripartite, avec l’envoi d’une « lettre de cadrage » préalable aux négociations, suivant l’article L1 du code du travail.
Le patron de FO, Frédéric Souillot, a évoqué une « journée normale dans le cadre de la négociation collective », et celui de la CFE-CGC, François Hommeril, une « réunion fort utile » qui « va dans le sens de renouer les fils du dialogue social ». La première ministre « se propose de remettre en responsabilité les partenaires sociaux (…) dans un cadre dans lequel, nous [la CFE-CGC], on a compris qu’elle donnerait des indicateurs de manière à ce que le rapport de force soit suffisamment équilibré entre le patronat et les salariés », a-t-il dit.
C’est « une journée importante, c’est la reprise du dialogue social », a salué le président de la CFTC, Cyril Chabanier. Pour lui, les négociations doivent aboutir « pour le printemps 2024 » afin d’être « applicables au second semestre 2024 ».
Pour Patrick Martin, qui succédera à Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du Medef le 17 juillet, cette réunion « répond tout à fait aux attentes, à la philosophie et aux propositions qu’a faites le Medef depuis plusieurs mois ». « On n’est pas favorable [à l’article] L1 mais il est d’ordre public dans un certain nombre de cas et notamment sur l’emploi des seniors et l’usure, donc on s’y adaptera », a-t-il dit.
Le patron de la CPME, François Asselin, a évoqué un « agenda ambitieux » sur lequel il devrait être possible d’aboutir au « printemps ».