Aurélien Taché : « La Nupes doit briser le lien établi entre insécurité et immigration et renouer avec la logique de l’émancipation »

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Depuis plusieurs semaines, les quartiers populaires sont traversés par un légitime vent de révolte, après qu’un policier a abattu le jeune Nahel M., à Nanterre, à la suite d’un refus d’obtempérer. Droite et extrême droite essaient d’expliquer cette tragédie par une politique migratoire trop laxiste, alors qu’elle trouve au contraire sa source dans un racisme systémique.

C’est dans ce contexte qu’un projet de loi sur la question de l’immigration arrivera bientôt à l’Assemblée nationale et que le sujet va de nouveau se retrouver au centre du débat public.

Référendum, restriction du droit d’asile et du regroupement familial, primat du droit national sur le droit européen… Après le terrible drame d’Annecy, où un réfugié syrien venu de Suède a attaqué des enfants à l’arme blanche, la surenchère nationaliste et xénophobe des droites semble désormais sans limites, avec un nouveau participant en la personne de l’ancien premier ministre Edouard Philippe.

Mais comme régulièrement maintenant depuis que le sujet revient sur la table, la gauche se demande quelle attitude elle doit adopter et, en particulier, si elle ne devrait pas afficher plus de fermeté. Sous le quinquennat de François Hollande, Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve ont en effet forgé avant l’heure une doctrine du « et en même temps », se déclinant en matière migratoire par le slogan « Humanité et fermeté ».

Humanité donc, pour que la solidarité que la gauche a toujours promue se heurte le moins possible à la question de l’altérité. Fermeté, pour répondre au procès en angélisme qui lui est régulièrement fait dans le domaine de la sécurité. Or, c’est bien là que le bât blesse. La formule se révèle, dans le domaine de l’immigration, totalement creuse et inopérante.

Glissement terrible

D’abord parce que les étrangers ne sont ni meilleurs ni pires que les nationaux. Ce sont des êtres humains qui ont quitté, de manière choisie ou non (la vérité est le plus souvent entre les deux), l’endroit où ils sont nés pour aller vivre ailleurs. Il n’y a donc pas à être plus généreux avec eux, car ils ne sont pas moins capables que les autres.

Ni à être plus dur, car ils ne sont pas plus dangereux. Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, rattaché aux services de la première ministre, publie, dans sa lettre d’avril 2023, les conclusions d’une série d’études qui sont unanimes : il n’existe aucun lien de cause à effet entre immigration et délinquance. C’est pourquoi les propos de Bruno Retailleau [président du groupe Les Républicains au Sénat], qui a récemment tenté d’expliquer les phénomènes de violence urbaine par l’origine réelle ou supposée de leurs participants, sont aussi mensongers que nauséabonds.

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