Après les émeutes urbaines, les maires impatients de lancer la reconstruction

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Des riverains se rassemblent devant la mairie lors d’une action nationale à Persan, en périphérie de Paris, le 3 juillet 2023.

Les émeutes urbaines désormais passées, tout le monde est d’accord. Il faut reconstruire, et vite : il est hors de question de laisser les stigmates du chaos qui a suivi la mort de Nahel M. à Nanterre, le 27 juin, balafrer les quartiers pendant des années.

« C’est un signe politique fort, approuve Christophe Rouillon, maire (Parti socialiste) de Coulaines (Sarthe), dans la banlieue du Mans, une ville de 7 700 habitants durement éprouvée. On a été attaqués. Les services publics doivent être remis en route tout de suite. Il faut montrer que la République ne cède pas. »

« Nous voulons aller vite pour soutenir les communes touchées », a affirmé la première ministre, Elisabeth Borne, le 9 juillet dans Le Parisien. Le projet de « loi d’urgence » pour accélérer la reconstruction, promis par le président de la République, Emmanuel Macron, le 4 juillet, alors qu’il recevait les élus des communes sinistrées, sera présenté « lors du prochain conseil des ministres », prévu jeudi 13 juillet, a précisé la cheffe du gouvernement.

Le chantier est énorme. Selon les dernières remontées, non définitives, dont Le Monde a eu connaissance, 801 bâtiments publics ont été dégradés, dont 282 par un incendie partiel ou total. La facture est colossale. En tout, les dégradations liées aux violences urbaines vont coûter 650 millions d’euros aux assureurs, a estimé leur fédération professionnelle, mardi 11 juillet. Soit plus du double de la somme anticipée la semaine précédente. D’après cette nouvelle estimation, cela représente près de 220 millions d’euros pour les seules collectivités locales.

Le gouvernement considère que 750 édifices nécessiteront une intervention. La moitié des 801 bâtiments (385) relève de l’Etat, notamment du ministère de l’intérieur ; les autres (416) dépendent des collectivités locales. Or, pour ceux-ci, « on a des problématiques qui, pour certaines, n’attendent pas », a souligné, le 5 juillet, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu. Une école qui a brûlé doit pourtant rouvrir à la rentrée. Un centre de loisirs démoli ne pourra pas accueillir des enfants pendant les vacances. Un service d’état civil détruit ne délivrera pas les papiers dont les citoyens ont besoin.

« Ne pas confondre vitesse et précipitation »

Le projet de loi « d’accélération de la reconstruction des bâtiments dégradés » au « cours des violences urbaines », que Le Monde a pu consulter, contient quatre articles. Il définit, selon l’exposé des motifs, « un cadre juridique d’exception, de nature à accélérer au maximum la conduite des travaux ». S’il est adopté, le gouvernement pourra déroger aux règles du droit commun par ordonnances. Les reconstructions pourront, par exemple, débuter avant même que l’autorisation d’urbanisme ne soit donnée. La durée d’examen des demandes sera en parallèle divisée « par deux, voire par trois », afin que l’instruction ne dépasse pas un mois et demi. D’autres dispositions assouplissent les règles en matière de publicité ou de mise en concurrence dans le cadre de l’attribution des marchés publics.

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