Après les émeutes, le RN rejoue l’opposition entre campagnes et banlieues

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Marine Le Pen, la présidente du groupe RN, à l’Assemblée nationale, le 4 juillet.

Louis Aliot est agacé. Il n’est pas sûr de vouloir être là, ce lundi 3 juillet devant l’hôtel de ville de Perpignan, pour le rassemblement en soutien aux maires mobilisés et, parfois, attaqués durant six nuits de violences urbaines. « Encore un rassemblement pour rien », s’est-il dit d’abord, avant de se raviser. En dix minutes, sur le perron, il transforme le moment de recueillement en discours politique et égrène les multiples raisons de sa colère. Il en est une qui l’anime particulièrement : ces banlieues, « qu’est-ce qu’il [leur] faut de plus ? » Trop d’argent a été dépensé pour les quartiers prioritaires des politiques de la ville, explique, micro en main, le maire de la plus grande commune du Rassemblement national (RN) de France. Ironiquement, neuf des dix quartiers prioritaires des Pyrénées-Orientales sont sous sa juridiction ; un quart de ses administrés y habitent.

Depuis une semaine, l’extrême droite sonne le tocsin contre un éventuel nouveau « plan banlieues », que le gouvernement semble écarter lui aussi. Dans le discours du RN, la dénonciation de l’argent dévolu aux banlieues est systématiquement mise en regard de la situation des campagnes françaises. « Il y a beaucoup plus d’argent mis dans les villes, sachez-le, que dans toute notre ruralité, qui est en train de crever à petit feu !, s’agace Louis Aliot. Vous croyez que dans la ruralité, partout en France, ils ont ces équipements sportifs, culturels, de loisirs ? Ça n’existe pas ! Ça, c’est du luxe d’enfant gâté ! »

L’opposition est reprise sur les plateaux de télévision par le président du parti, Jordan Bardella, et par Marine Le Pen, au risque d’alimenter une concurrence victimaire entre zones déshéritées. Le discours permet d’opposer deux parties de la population qui, vu du RN, présentent l’avantage de recouvrer l’opposition faite historiquement par le Front national entre Français « de souche » et « de papier ». Par ricochet, elle permet d’écarter l’analyse sociale des émeutes urbaines et de privilégier celle d’un problème d’éducation et d’immigration. « Dans les quartiers difficiles, il y a beaucoup plus d’argent public qui se déverse que dans nos campagnes. Et pourtant, dans nos campagnes isolées, il n’y a pas ce genre de phénomènes », assène Mme Le Pen sur France 2.

« Une grande politique des campagnes »

Ce discours, la triple candidate à l’élection présidentielle le tient depuis ses débuts politiques, opposant « ceux qui cassent » à « ceux qui ne se plaignent pas ». Ces derniers ont longtemps été, dans sa bouche, les classes moyennes et les habitants du bassin minier du Pas-de-Calais, où elle s’est implantée électoralement ; ils sont désormais dans « nos campagnes », une notion particulièrement floue. Les espaces ruraux, qui se caractérisent par leur faible densité de population, recouvrent des réalités très hétérogènes sur tous les plans, notamment celui de l’accès aux équipements et aux services publics.

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