La lave en fusion continuait à jaillir d’une nouvelle faille volcanique dans la péninsule de Reykjanes et à se répandre, dimanche 17 mars, dans le sud-ouest de l’Islande, un territoire qui a déjà été le théâtre de trois éruptions depuis décembre 2023.
Au début du phénomène, qui a commencé en début de soirée samedi, l’Institut météorologique islandais (IMO) avait estimé qu’il s’agissait du « plus important » , en termes de décharge de magma, de la série que connaît la région depuis quatre mois.
Dimanche, l’IMO notait que la matière en fusion s’écoulait de façon « continuelle et lente », mais que l’activité sismique avait « diminué de façon significative pendant la nuit » – une « évolution très semblable à celle des trois précédentes éruptions sur le Sundhnukur ». « Il y a maintenant trois ouvertures actives sur la fissure », précise l’IMO.
Des flux vidéo en direct montrent la coulée incandescente et des panaches de fumée. La lave se trouve désormais à quelque 200 mètres d’une canalisation reliée à la centrale de Svartsengi, laquelle alimente 30 000 personnes en électricité et en eau.
Cette région, située à environ quarante kilomètres au sud-ouest de Reykjavik, la capitale du pays, est l’une des plus peuplées d’Islande. L’état d’urgence a été décrété dès le début de l’éruption, et la petite ville de Grindavik a de nouveau été évacuée, ainsi que le site touristique géothermique du Lagon bleu. Les quelque 4 000 habitants de Grindavik avaient déjà dû être évacués le 11 novembre 2023, au moment de la première éruption, après que des centaines de secousses eurent endommagé les habitations et largement fissuré les routes, faisant craindre pour l’avenir de la localité.
Craintes pour la centrale de Svartsengi
Les séismes ont ensuite été suivis par une faille volcanique le 18 décembre 2023, qui a épargné Grindavik, puis une seconde le 14 janvier en bordure de la localité, déversant de la lave orange dans les rues et réduisant trois maisons en cendres.
Le 8 février, une troisième éruption près de la même localité s’est accompagnée d’une rivière de magma de 15 millions de mètres cubes durant les sept premières heures. Ce n’est que le 19 février que les habitants de Grindavik ont été autorisés à rentrer chez eux, mais seule une centaine d’entre eux avait toutefois choisi d’y retourner.
A la mi-février, l’IMO a prévenu que les données GPS suggéraient la reprise du gonflement du sol et donc d’accumulation de magma, prélude à une nouvelle éruption. Ces phénomènes font en outre craindre des dégâts dans la centrale de Svartsengi. Evacuée dès la première éruption, elle est depuis dirigée à distance, tandis que des digues ont été construites pour la protéger.
L’Islande abrite trente-trois systèmes volcaniques actifs, soit le nombre le plus élevé d’Europe. Elle est située sur la dorsale médio-atlantique, une fissure dans le plancher océanique qui sépare les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine et provoque séismes et éruptions. L’activité enregistrée depuis 2021 dans cette péninsule de Reykjanes témoigne du réveil, après huit cents ans, d’une longue faille permettant la remontée du magma, s’accordent à dire les volcanologues.