Le long de la grande plage des Sables-d’Olonne (Vendée), devant la mer gris et blanc, quelques promeneurs se photographient, les cheveux balayés par le vent. Jeudi 22 février, la tempête Louis déferle sur une grande partie de l’ouest de la France. « Fortes rafales », « mer devenant très forte à grosse »… La météo marine ne s’est pas trompée. A marée haute, la houle vient percuter le remblai et les sanitaires détruits lors du passage de la dépression Céline des 28 et 29 octobre 2023. Au pied des immeubles d’appartements de vacances aux volets baissés, plusieurs hommes en tenue orange continuent à travailler sur le chantier du cours Clemenceau pour renforcer la promenade en installant un mur chasse-mer destiné à renvoyer les vagues. « Les élus locaux, nous sommes vraiment en première ligne du changement climatique », soupire Yannick Moreau, maire divers droite de la commune.
A l’écoute des humeurs de la nature, l’élu espère que les infrastructures de la commune tiendront le choc, encore une fois. Car, depuis quelques semaines, la municipalité « s’auto-assure », selon ses termes. A cause de l’augmentation globale des frais dans les communes, notamment celles touchées par les événements climatiques extrêmes, les assureurs sont devenus plus sourcilleux.
Président de l’Association nationale des élus des littoraux (ANEL), M. Moreau avait constaté, « depuis plusieurs mois déjà », que des acteurs privés, comme des patrons de camping, des restaurateurs, ne trouvaient plus d’assurances. Puis, certaines communes du littoral se sont retrouvées dans la même situation. A la fin de l’année 2023, lorsqu’il a publié son appel d’offres, son assureur traditionnel l’a lâché. Et aucun autre n’a semblé intéressé pour récupérer le contrat sur les dommages et biens. « Au final, cela nous permet d’économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros tous les mois et Les Sables-d’Olonne ont les reins solides pour tenir, mais il y a beaucoup de collectivités qui ne sont pas dans notre situation », constate-t-il.
Le souvenir dramatique de Xynthia
Pour convaincre les assurances de revenir, l’agglomération doit montrer des preuves de sa bonne volonté. Estimation détaillée des biens, recensement des travaux prévus, description des stratégies qui se cachent derrière les multiples acronymes comme le PPRI (plan de prévention des risques naturels d’inondation) ou le PAPI (programme d’actions de prévention des inondations)…
Dans ce département marqué par le drame de la tempête Xynthia, qui avait provoqué la mort de 35 personnes en Vendée les 27 et 28 février 2010, de nombreux élus ont déjà lancé des chantiers. « Xynthia n’a pas été un déclencheur tout de suite, beaucoup avaient considéré cette tempête comme un événement millénaire, témoigne Yves Le Quellec, représentant de France Nature Environnement dans ce département. Mais la récurrence des événements a marqué tout le monde. Il y a clairement une attention différente des élus, notamment depuis 2022-2023. »
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