Huit ans après l’adoption de l’accord de Paris, de 2015, le risque de dépassement climatique temporaire (« climate overshoot », en anglais), avec un réchauffement global moyen dépassant 1,5 °C, n’a jamais été si élevé – et ce, malgré des développements positifs. Ce dépassement n’est plus une hypothèse incertaine, et nous devons nous y préparer. Nous savons qu’avec lui viendront des conséquences négatives majeures pour la santé, la sécurité alimentaire, la disponibilité de l’eau et la stabilité sociale, entre autres.
Les pays les moins industrialisés, ceux qui ont le moins contribué au problème, souffriraient le plus de ces conséquences. Dans cette optique, nous avons établi la Climate Overshoot Commission pour élaborer des voies cohérentes et applicables qui envisagent toutes les approches potentielles pour réduire et gérer les risques du dépassement climatique temporaire. Nous avons élaboré un agenda intitulé CARE (pour « cut, adapt, remove, explore ») : il consiste à réduire les émissions (« C »), à s’adapter (« A »), à éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère (« R ») et à explorer prudemment la modification du rayonnement solaire (« E »).
La stratégie fondamentale pour limiter le dépassement est clairement d’accélérer de manière significative la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela signifie que l’ère des combustibles fossiles doit prendre fin. Nous devons mettre en œuvre une phase de sortie ambitieuse des combustibles fossiles et renforcer notre engagement envers les sources d’énergie renouvelable.
Aider et accueillir les migrants climatiques
La France et les autres pays riches devraient le faire dès maintenant, afin de laisser de l’espace aux pays moins industrialisés pour qu’ils poursuivent leur transition vers une énergie propre et durable, tout en luttant contre la pauvreté et en répondant à leurs impératifs de développement. Arrêter les émissions est essentiel, mais cela ne suffit pas. Parce que le changement climatique cause déjà des dommages à travers le monde, nous devons rapidement étendre les mesures d’adaptation efficaces. Cela devrait être guidé par une compréhension approfondie des risques climatiques locaux et des priorités d’adaptation.
Pour évoquer un domaine-clé des impacts climatiques, nos gouvernements et d’autres acteurs devraient renforcer la sécurité alimentaire en promouvant des pratiques agricoles innovantes, en soutenant les agriculteurs et en menant davantage de recherches. Une autre question cruciale, en Europe comme dans le Pacifique, est la migration induite par le changement climatique.
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