Energie : « Crise d’adolescence pour l’éolien offshore »

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Des éoliennes en mer, au large de la Norvège, le 23 août 2023.

C’est l’âge de toutes les promesses et de toutes les désillusions. La crise de l’adolescence touche aussi les entreprises. Le secteur des énergies renouvelables est entré dans cet âge ingrat. Le groupe danois Orsted est le champion mondial de l’éolien offshore. Il a tapissé la mer du Nord de ses moulins chaque fois plus gigantesques.

Mais, mercredi 30 août, ce grand connaisseur des côtes écossaises s’est pris une belle douche froide. Il a annoncé qu’il devait déprécier plus de 2,1 milliards d’euros d’actifs de ses comptes, ce qui aura des répercussions majeures sur ses résultats financiers. Immédiatement, le cours de Bourse de l’entreprise s’est effondré du quart de sa valeur. Les explications avancées par Orsted résument bien les raisons de la crise profonde que traverse ce secteur qui sort de l’enfance : les coûts de production, les taux d’intérêt et les prix.

En dix ans, les coûts de l’éolien offshore se sont effondrés de 60 %. Avec ses pales gigantesques et ses mâts hauts comme des gratte-ciel, cette technique de production d’électricité est soudain devenue compétitive par rapport au gaz, au charbon ou au nucléaire. Mais le retour de l’inflation, notamment sur les prix de l’acier et du cuivre et les problèmes logistiques ont donné un coup d’arrêt à cette montée en puissance.

Les coûts de production s’envolent

En un an, les coûts de production sont remontés de 40 %. A cet alourdissement soudain, s’est ajoutée la montée brutale des taux d’intérêt, très pénalisante dans un métier aussi capitalistique. Les prix de rachat d’électricité à long terme proposés par les Etats en échange de l’investissement ont, eux, continué à descendre. Cette situation rend les opérateurs très dépendants des subventions. Une partie de la déconvenue d’Orsted provient d’une réduction de la subvention attendue pour la mise en place de son champ au large des côtes nord-américaines.

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Si les analystes fustigent la mauvaise appréciation d’Orsted, ce dernier n’est pas le seul à revoir ses ambitions à la baisse. Son voisin suédois Vattenfall a annoncé, en juillet, l’arrêt de son projet au large des côtes anglaises. La rentabilité n’était plus là. Une mauvaise nouvelle pour les Etats qui devront mettre la main à la poche pour parvenir à l’objectif de multiplier par vingt la capacité mondiale d’ici à 2050 comme le suggère l’Agence internationale de l’énergie.

C’est aussi un contre-modèle pour les compagnies pétrolières que l’on pousse à changer de métier et qui voient Orsted, ancienne société gazière et pétrolière du royaume danois, reconvertie avec succès dans l’éolien depuis dix ans, essuyer sa première grosse tempête.

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