Le cahier des charges « Label rouge Porc » est en cours de révision. Mais dans le nouveau projet déposé, rien ne garantit aux consommateurs que les cochons aient accès à l’extérieur… ou même à un peu de litières, dans leurs cases en béton. Un rendez-vous manqué pour ce label relevant du ministère de l’agriculture et qui continue à maintenir dans l’illusion des consommateurs persuadés d’acheter un produit plus respectueux des animaux.
Dans la production Label rouge, les cochons sont exposés à toutes les sources de souffrances caractéristiques de l’élevage intensif. Y compris à la caudectomie – soit la coupe de la queue à vif –, une pratique pourtant interdite en routine depuis vingt ans par l’Union européenne. Les truies ne sont pas mieux logées avec cette nouvelle mouture du cahier des charges Label rouge.
Alors que la société civile exige la fin de l’élevage en cage pour tous les animaux, la possibilité de bloquer les truies dans des cases en béton où elles ne peuvent même pas se retourner est maintenue jusqu’à quarante-cinq jours (contre quarante-neuf jours minimum en conventionnel). Alors qu’en achetant des produits labellisés les consommateurs s’attendent à soutenir des productions plus éthiques, les conditions d’élevage pour la majorité des animaux n’y sont pas très différentes de celles des pires de l’élevage intensif.
Un label fourre-tout et peu lisible
Seul le label Bio sort du lot, en exigeant au minimum de la paille aux cochons dans un bâtiment avec des courettes, voire un accès à un parcours extérieur pour les plus chanceux. Ils restent cependant bien peu nombreux : en France, moins de 2 % des cochons ont accès au plein air, et la crise que traverse la filière biologique depuis plusieurs mois laisse craindre un recul de la situation.
Créé en 1960 par la loi d’orientation agricole, le Label rouge est un signe de qualité français qui dépend de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), organisme lui-même sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Le Label rouge certifie une qualité supérieure, ce qui peut parfois aller de pair avec des garanties supplémentaires en matière de bien-être animal.
C’est ainsi le cas pour les poules, dindes et poulets Label rouge qui ont accès à l’extérieur, contrairement aux cochons, dont les conditions d’élevage peuvent être, au contraire, très intensives… A moins de trouver sur sa tranche de jambon ou ses rillettes de porc Label rouge la mention « fermier » accolée au logo. Bref, un étiquetage tout à fait illisible pour le consommateur soucieux de mettre de l’éthique dans son assiette !
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