La science climatique a un nouveau visage. Le Britannique Jim Skea, bientôt 70 ans, a été élu, mercredi 26 juillet, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont les rapports établissent le consensus scientifique sur le dérèglement climatique. Il a été choisi par 57 % des voix face à la Brésilienne Thelma Krug (43 %), après le vote des 195 Etats membres de l’institution à Nairobi , au Kenya. Ce nouveau patron dirigera les travaux de centaines de scientifiques pour le reste de la décennie. Il remplace le Sud-Coréen Hoesung Lee, désigné en 2015.
Jim Skea, enseignant en énergies durables à l’Imperial College de Londres, était le coprésident du groupe de travail 3 du GIEC sur l’atténuation du changement climatique de 2015 à 2023. Cet Ecossais, impliqué dans l’institution onusienne depuis les années 1990, préside la commission écossaise pour une transition juste, et a également cofondé le comité britannique sur le changement climatique, qui évalue les politiques et éclaire le gouvernement et le Parlement.
Face à la « menace existentielle » que représente le changement climatique, Jim Skea veut donner « trois priorités » à sa présidence : « améliorer l’inclusion et la diversité, protéger l’intégrité scientifique et la pertinence politique des rapports d’évaluation du GIEC, et utiliser efficacement les meilleures données scientifiques disponibles sur le changement climatique », a-t-il déclaré devant les délégués des pays, selon un communiqué de presse de l’instance.
« Il apporte un retour d’expérience sur la transition juste, mais il est dommage que le nouveau président ne soit pas plus jeune et dans une production de connaissances active », juge la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, qui quitte son poste de coprésidente du groupe 1, consacré aux bases physiques du changement climatique.
Jim Skea devient le cinquième président du GIEC, créé en 1988 sous l’égide de l’ONU afin d’évaluer et de synthétiser l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique – ses causes, ses conséquences et les solutions possibles pour le limiter. Les épais rapports du GIEC, publiés tous les cinq à sept ans, aiguillent les décideurs politiques et servent de base aux négociations climatiques. L’institution a reçu le prix Nobel de la paix en 2007, conjointement avec l’ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore.
Les trois autres candidats en lice étaient, outre Thelma Krug, ancienne chercheuse à l’Institut national de recherches spatiales au Brésil et déjà vice-présidente du GIEC, la Sud-Africaine Debra Roberts, biogéographe spécialisée dans les questions d’urbanisation et actuelle coprésidente du groupe de travail 2 de l’instance, consacré aux impacts du changement climatique sur les sociétés et les écosystèmes, ainsi que le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, candidat malheureux de la dernière élection et ancien vice-président du GIEC. Tous sont âgés de 62 à 72 ans.
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