Les ministres de l’énergie des pays du G20, réunis en Inde samedi 22 juillet, n’ont pas réussi à s’accorder sur un calendrier permettant de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Leur déclaration finale, publiée à la fin de la rencontre à Goa, ne mentionne même pas le charbon, pourtant l’un des gros contributeurs au réchauffement climatique.
Le charbon est aussi l’une des principales sources d’énergie de beaucoup d’économies en développement dont l’Inde, le pays le plus peuplé au monde, ou la Chine, la deuxième économie mondiale. Cet échec à s’accorder intervient malgré la volonté affichée par les dirigeants du G7, en avril à Sapporo (nord du Japon), d’« accélérer » leur « sortie » des énergies fossiles et que les températures mondiales atteignent des records, causant des vagues de chaleur, des inondations et des incendies.
Pour expliquer cette impasse, l’Inde, qui préside le G20, a expliqué que certains des membres souhaitaient une « réduction des énergies fossiles “unabated” », c’est-à-dire non adossées à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone, « conforme aux différentes conjonctures nationales ». Tandis que d’« autres ont une opinion différente sur le fait que les technologies de captage [de] et stockage de carbone répondent à ces besoins ».
« L’humanité ne peut pas se permettre d’attendre »
Une coalition de dix-huit pays, dont la France et l’Allemagne, menée par les îles Marshall, a réclamé vendredi dernier « une sortie urgente des énergies fossiles » et « un pic des gaz à effet de serre d’ici à 2025 », estimant que « l’humanité ne peut pas se permettre d’attendre ».
Cette coalition réclame une diminution de 43 % des émissions mondiales d’ici à 2030 par rapport à 2019, afin de respecter la limite de 1,5 degré d’augmentation, conformément aux calculs des experts climat des Nations unies. Cependant, beaucoup de pays en développement estiment que les pays riches, plus gros pollueurs, doivent financer davantage la transition énergétique. L’Inde notamment s’est fixé un objectif de zéro émission nette pour 2070, soit vingt ans plus tard que beaucoup d’autres pays.
Un rapport préparant la présidence de l’Inde au G20 a estimé à 4 000 milliards de dollars (3 592 milliards d’euros) par an le coût de la transition énergétique et a souligné l’importance d’un financement à bas coût pour les transferts de technologie et les pays en développement, une demande récurrente de New Delhi.
Des producteurs de pétrole réticents
Certains gros producteurs de pétrole sont également réticents à une sortie rapide des combustibles fossiles. Ed King, du réseau de communication sur le climat Global Strategic Communications Council (GSCC), a notamment reproché à la Russie et à l’Arabie saoudite le manque de progrès dans les négociations de samedi. Ces pays ont « bloqué les efforts pour un accord sur un triplement des énergies propres visant à réduire les énergies fossiles », a-t-il déploré sur Twitter.
Le PDG de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis Adnoc, Ahmed Al-Jaber, qui présidera les négociations de la COP28, a déclaré qu’il s’attendait à ce que les combustibles fossiles continuent à jouer un rôle, même réduit, avec l’aide, controversée, de dispositifs de captage ou de stockage de carbone. Il a toutefois estimé que leur réduction était « inévitable » et « essentielle », mais que le réalisme interdisait de s’en passer du jour au lendemain.