« Il faut qu’une décision soit prise d’ici à la rentrée [en septembre]. Si on attend la fin d’année, je crains qu’il ne soit trop tard », observe Caroline Doucerain, maire des Loges-en-Josas (Yvelines). La mise en service de la ligne 18 du Grand Paris Express, qui passera à quelques kilomètres de sa commune, sur le plateau de Saclay, n’est prévue qu’en 2030. Mais le chantier avance et pour des élus de ce territoire situé au sud-ouest de Paris le temps presse : ils espèrent obtenir une modification du projet, sur un tronçon de moins de deux kilomètres, pour minimiser les conséquences du futur métro sur l’agriculture et la biodiversité. Une proposition jusqu’ici rejetée par la Société du Grand Paris (SGP).
A la mi-juillet, des membres de l’association Terre & Cité, qui regroupe des agriculteurs, des élus, des citoyens et des chercheurs du plateau de Saclay, en ont appelé formellement à l’exécutif. « Depuis deux ans, le dialogue avec la SGP est totalement infructueux, ont-ils affirmé lors d’une conférence de presse. Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités, car c’est à l’Etat que revient la décision finale. Tous les arguments sont sur la table. » Au début de juillet, huit maires ont également envoyé un courrier à la première ministre, Elisabeth Borne, en lui rappelant que le dernier arbitrage était « entre les mains du gouvernement ».
Ces acteurs du territoire ne s’opposent pas à l’arrivée du métro, qui reliera l’aéroport d’Orly à Versailles, mais réclament qu’il circule dans une tranchée en partie couverte, plutôt qu’en surface, sur un tronçon de 1,2 km situé entre Saclay et Châteaufort (Yvelines). Une demande alignée sur celle de la commission d’enquête publique : en octobre 2021, celle-ci a rendu un avis favorable au projet tout en formulant trois réserves, la première portant sur la mise au sol du futur métro. « Notre demande initiale, c’était que toute la ligne soit en tranchée couverte, sur trois kilomètres, rappelle Caroline Doucerain, qui préside Terre & Cité. Ce que nous demandons, c’est vraiment la solution minimale, le compromis du compromis. »
« Morcellement des parcelles »
Si la discussion semble technique, l’enjeu est en réalité majeur pour l’agriculture et la biodiversité de tout un territoire. Le plateau de Saclay abrite des terres agricoles parmi les plus fertiles de France, classées en tant que « zone de protection naturelle, agricole et forestière » (ZPNAF) depuis 2010. Or, la future ligne de métro va scinder certaines parcelles et isoler environ 80 hectares situés au sud de l’infrastructure. Elle va aussi complexifier la circulation, alors que les agriculteurs ne cessent de se déplacer d’un bout à l’autre du plateau.
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