Hausse limitée du prix du blé après la suspension de l’accord céréalier par la Russie

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Vladimir Poutine poursuit sa guerre psychologique. Il brandit, une fois de plus, l’arme alimentaire pour tenter de faire bouger les lignes des Occidentaux venus en soutien de l’Ukraine. Lundi 17 juillet, le Kremlin a ainsi annoncé la suspension de l’accord céréalier qui assurait l’exportation des grains ukrainiens depuis trois ports de la mer Noire.

Cet accord, entre l’Ukraine et la Russie, sous l’égide de la Turquie et des Nations unies, a été signé il y a quasiment un an jour pour jour, le 22 juillet 2022. Depuis, il a été renouvelé trois fois, mais Moscou semblait de plus en plus réticent à ce qu’il se poursuive. En mai, il n’avait d’ailleurs été prorogé que de soixante jours au lieu des cent vingt jours initialement prévus.

« En un an, ce corridor maritime a permis d’exporter 33 millions de tonnes de grains, note Arthur Portier du cabinet Agritel. L’annonce faite par Moscou aujourd’hui ouvre donc une période d’incertitude. » Sans surprise, les marchés ont immédiatement réagi. Sur Euronext, les cours du blé et du maïs augmentaient de près de 4 % à l’ouverture. Une même progression s’affichait sur le marché américain de Chicago.

Une « suspension », et non une rupture

Toutefois, au fil de la séance, la hausse a régulièrement décru. « Nous ne sommes pas du tout dans la même situation qu’il y a un an, lorsque le blé se négociait à 350 euros la tonne. Aujourd’hui, nous sommes à 235 euros la tonne », réagit M. Portier. Il note l’importance du terme employé par Moscou de « suspension ». Ce n’est donc pas une rupture nette de l’accord, mais une volonté exprimée de conditionner son renouvellement à une négociation d’assouplissement des sanctions imposées. En ligne de mire, les restrictions qui pèsent sur ses propres exportations de produits agricoles et d’engrais.

M. Poutine joue une nouvelle fois la carte d’une crainte de montée de l’insécurité alimentaire sur la planète. Le déclenchement de la guerre en Ukraine avait suscité une envolée des cours des céréales, suscitée par la peur d’une rupture d’approvisionnement avec la mise à l’arrêt des exportations ukrainiennes. Cette hausse des prix, entretenue par la spéculation, plus que la disponibilité même des céréales, avait mis en danger les pays les plus pauvres et les plus importateurs, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Après la mise en place du corridor maritime, les marchés des grains et des huiles s’étaient repliés.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La guerre en Ukraine, un révélateur de la crise alimentaire mondiale

« Le corridor maritime reste une porte de sortie importante, mais depuis le début de la guerre des alternatives ferroviaires ou terrestres se sont développées. D’ailleurs, ces derniers mois, sur 4,5 millions de tonnes de grains exportés par l’Ukraine, seuls 1,5 à 2 millions passaient par la mer Noire », précise M. Portier.

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