
Exceptionnelles un temps, les périodes de fortes chaleurs se multiplient désormais et se font plus intenses sous l’effet du réchauffement climatique. La chaleur est l’un des événements météorologiques les plus meurtriers : à l’été 2022, les fortes températures ont entraîné la mort de plus de 60 000 personnes rien qu’en Europe, selon une récente étude.
Au niveau mondial, le mois de juin 2023 a été le plus chaud jamais mesuré, selon les agences européenne Copernicus et américaines NASA et NOAA. La première semaine complète de juillet a été à son tour la plus chaude jamais enregistrée, selon des données préliminaires de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Différents phénomènes sont à l’œuvre. Quelle est alors la différence entre une « vague de chaleur » et une « canicule » ? Qu’est-ce qu’une « plume de chaleur » ou un « dôme de chaleur » ? Que représentent les normales climatiques et comment sont-elles calculées ? Le Monde vous propose un lexique pour comprendre ces termes météorologiques.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur ?
On parle de « vague de chaleur » lorsqu’on observe des températures anormalement élevées pendant plusieurs jours successifs. Météo-France explique cependant qu’« il n’existe pas de définition universelle du phénomène ». Deux critères permettent de caractériser une vague de chaleur : les niveaux de température et la durée de l’épisode. Or, ces critères varient selon les régions du monde et les domaines considérés (caractérisation d’un point de vue climatologique, activité de recherche, dispositif de vigilance météorologique).
Le recensement des vagues de chaleur depuis le milieu du XXe siècle montre une augmentation de ces événements climatiques, insiste le service météorologique : « Sur les quarante-six vagues de chaleur détectées depuis 1947, neuf ont eu lieu avant 1989, contre trente-sept entre 1989 et 2022. Il y a donc eu trois fois plus de vagues de chaleur ces trente-cinq dernières années que durant les trente-cinq précédentes. »
Depuis 2010, il y a eu vingt-deux vagues de chaleur (seules les années 2014 et 2021 n’en ont pas subi), plus que sur la période 1947-2000. « Quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre envisagé, le réchauffement planétaire se poursuivra pendant au moins plusieurs décennies et s’accompagnera de vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses », alerte Météo-France, qui estime que ces phénomènes climatiques « devraient doubler d’ici à 2050 ».
Quand peut-on parler de canicule ?
Lorsque les températures grimpent, on utilise volontiers le terme de « canicule ». Pourtant, la définition de ce phénomène est très précise et varie selon les régions. « Une canicule, c’est un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée », détaille Météo-France. De son côté, le gouvernement parle d’« un niveau de très fortes chaleurs le jour et la nuit pendant au moins trois jours consécutifs ».
Météo-France a déterminé des seuils d’alerte à partir de trente années de données quotidiennes de mortalité et de divers indicateurs météorologiques. Les différentes régions du pays étant plus ou moins habituées et donc adaptées à la chaleur, ces seuils d’alerte ne sont pas les mêmes partout.
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Ainsi, Météo-France estime que la canicule sera avérée dans les Deux-Sèvres lorsque des températures minimales de 35 °C le jour et 20 °C la nuit seront observées. La Haute-Loire, elle, sera considérée en canicule lorsque les températures dépasseront 32 °C le jour et 18 °C la nuit. A Paris, ces seuils sont de 31 °C le jour et 21 °C la nuit, et à Marseille de 35 °C le jour et 24 °C la nuit.
Qu’est-ce qu’une plume de chaleur ?
Parmi les phénomènes météo divers, c’est une « plume de chaleur » qui avait touché l’Europe à la mi-juin 2022. La température maximale avait été enregistrée à Montoro, dans la province de Cordoue, dans le sud de l’Espagne, avec 42,9 °C.
Une « plume de chaleur » correspond à une remontée d’air chaud, géographiquement étroite, pouvant ressembler à une plume ou une langue d’air chaud sur les cartes. Ce n’est pas un dôme de chaleur, puisque le phénomène est dynamique et non pas bloqué au-dessus d’une zone.
La « plume » du début de l’été 2022 résultait de l’air chaud qui était remonté d’Afrique du Nord en passant par la péninsule Ibérique. Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avait décrit sur Twitter une « vague de chaleur par advection (transport d’un air chaud et sec par les vents de sud) ».
Cette plume de chaleur était associée à une goutte froide située au large de la péninsule Ibérique. Il s’agissait d’une dépression isolée avec des vents cycloniques qui tournaient dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, faisant ainsi remonter l’air chaud.
Quelle est la différence avec un dôme de chaleur ?
Le « dôme de chaleur » est un phénomène météorologique lié à la présence d’un anticyclone de blocage qui persiste à un même endroit, provoquant la stagnation des masses d’air chaud. Cette zone de haute pression favorise également la descente de l’air, qui, sous l’effet de la compression, réchauffe l’atmosphère. A mesure que la chaleur piégée continue de se réchauffer, le système agit comme un couvercle sur une casserole.
C’est ce phénomène qui touche une partie de l’Europe actuellement. Le bord du dôme de chaleur se situe au-dessus du sud-est de la France : Météo France a placé sept départements en vigilance orange canicule pour les 18 et 19 juillet. En juillet 2021, un dôme de chaleur avait déjà provoqué des températures record dans l’ouest du Canada et des Etats-Unis.
Que sont les normales climatiques ?
Les normales climatiques sont des références qui servent à représenter le climat sur un lieu et pour une période donnés. Elles concernent toutes les variables du climat (température, précipitation, vent, ensoleillement, etc.). Ces indicateurs sont calculés par Météo-France sur trente ans et mis à jour toutes les décennies.
L’organisme météorologique a donc entrepris, en 2021, le calcul de nouvelles normales sur la période 1991-2020. Elles sont utilisées depuis la fin de juin 2022. « Les normales 1981-2010 sont représentatives du climat moyen sur une période autour des années 1990 et ne représentaient plus le climat actuel dans le contexte du changement climatique, notamment en matière de température », explique Météo-France.
En raison de ce changement, « ces nouvelles “normales climatiques” sont loin de décrire notre climat normal d’il y a encore quelques décennies », insiste le service météorologique. Depuis 1900, la température moyenne en France s’est élevée de 1,7 °C. Sur la période 2011-2020, la hausse a atteint + 0,6 °C par rapport aux dix années précédentes, marquant la plus forte progression observée entre deux décennies depuis le début du XXe siècle.
Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain ?
La ville et la campagne n’emmagasinent pas la chaleur de la même manière. Dans les zones rurales, la végétation et les sols perméables évacuent, grâce à l’énergie solaire, l’eau qu’ils puisent ou qu’ils contiennent. Ce phénomène d’« évapotranspiration » a une vertu : les végétaux et les sols n’accumulent pas d’énergie solaire qu’ils pourraient restituer la nuit.
A l’inverse, en ville, cette énergie solaire est absorbée et stockée par les bâtiments et les sols en bitume. Lorsque la nuit tombe, la température baisse, mais les surfaces minérales imperméables dégagent dans l’air la chaleur accumulée durant la journée, empêchant l’atmosphère urbaine de se refroidir autant qu’à la campagne. C’est ce différentiel de température qui correspond à « l’îlot de chaleur urbain », un phénomène « essentiellement nocturne », rappelle Météo-France.
A Paris, par exemple, les écarts de températures nocturnes avec les zones rurales alentour sont en moyenne de 2,5 °C sur l’année. Ils peuvent atteindre 10 °C en été en cas, notamment, de canicule.