
La pêche miraculeuse. Ou presque. Souvenez-vous. Début mai, tout le monde s’inquiétait. Les cultures du Roussillon sentaient le roussi. La crainte de manquer d’eau au robinet entraînait une réduction des volumes destinés à arroser. Pêchers et abricotiers allaient-ils être assoiffés ? Finalement, l’absence de coup de chaleur torride et les pluies tombées en mai et en juin ont revivifié les vergers.
A l’heure où le ministère de l’agriculture soupèse les récoltes en cours, l’optimisme est de mise. La production de pêches, de nectarines et de brugnons devrait atteindre 231 000 tonnes. Soit une hausse de 1 % par rapport à 2022 et de 3 % si l’on compare à la moyenne quinquennale. Seul bémol à cette ritournelle estivale guillerette, le Gard et la vallée du Rhône ont un peu souffert. Non de la sécheresse, mais, respectivement, de la grêle, du vent et des orages. En Occitanie, la balance indique même une progression de 6 % des volumes sur un an.
En 2022, la chaleur intense avait empêché les pêches de se développer. Résultat, les petits calibres réduisaient les munitions des agriculteurs. Rien de tel, cette année. La pêche a la ligne. Le calibre A, le plus prisé, avec ses 67 à 71 millimètres sous la toise, et ses 140 à 160 grammes de chair sucrée sous une peau duveteuse, est aux avant-postes. Un fruit gourmand prêt à être dégusté, mais à quel prix ? La question taraude l’esprit des arboriculteurs, comme la tordeuse orientale (un papillon ravageur) le rameau de pêcher.
« En dessous des coûts de production »
« Pour l’instant, le marché de la pêche est équilibré. Le calibre A se négocie à 2,50 euros le kilo à la production. Et le calibre B ne doit pas descendre en dessous de la barre des 2 euros le kilo », affirme Bruno Darnaud, président de l’Association d’organisation de producteurs (AOP) Pêches et abricots de France, arboriculteur dans la Drôme.
Mais la tension monte. « Nous assistons à une érosion de prix. Nous constatons toujours la présence de fruits espagnols dans le nord de la France, alors que la production française bat son plein. Or, les pêches espagnoles, abondantes, sont cédées à 1 euro le kilo. Des grossistes et des distributeurs se font de l’argent », relève M. Darnaud. En effet, le consommateur ne profite guère de la tendance baissière de l’autre côté de la frontière.
La pression est encore plus forte sur les abricots dont les prix sont partis en charpie. Le rouleau compresseur espagnol et son flot des fruits mûris partout dans le pays écrasent les cours. « Nous sommes descendus en dessous des coûts de production », s’alarme M. Darnaud.
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