
Le thermomètre affiche 44 °C. En ce début juillet, Phoenix est la ville la plus chaude des Etats-Unis. Pas un temps à mettre un chien dehors – sauf à le sangler dans l’un de ces gilets rafraîchissants bardés de packs de glace vendus dans les supermarchés. La capitale de l’Arizona montre la voie du climat de demain : le nombre moyen de jours où la température atteint ou dépasse 43 °C est désormais de 21 par an. Le record date de 2020 : 53 jours à cette température extrême. Et pas de répit la nuit : le mercure descend rarement à moins de 30 °C.
A ce stade, la ville est au-delà de l’alerte canicule. Les habitants ne marchent qu’à l’aube. Les enfants organisent leurs fêtes d’anniversaire à 5 heures du matin. La climatisation tourne à plein. Selon le département de la santé publique du comté de Maricopa – qui englobe Phoenix, 1,7 million d’habitants –, 425 décès dans l’agglomération ont été attribués à la chaleur en 2022, soit 25 % de plus qu’en 2021.
Pour promener Andi, en revanche, le temps est idéal. Andi est un robot, ou, plus exactement, un mannequin thermique : la vedette du groupe de recherche sur la chaleur extrême de l’Arizona State University (ASU), l’université publique de l’Etat. Fabriqué en fibre de carbone époxy, Andi mesure 1,78 mètre, la taille moyenne d’un individu mâle. Il possède 35 zones thermiques indépendantes, délimitées avec la précision de points d’acupuncture. Sous son épiderme, un maillage de capteurs connectés permet de mesurer les effets de la chaleur telle qu’elle se diffuse dans les différents organes du corps humain.
Andi respire et transpire
Les « maîtres » du robot – le professeur d’ingénierie mécanique Konrad Rykaczewski et ses collègues Ariane Middel et Jennifer Vanos, du laboratoire de biométéorologie humaine de l’ASU – espèrent ainsi percer le mystère des coups de chaleur. Pourquoi certains individus en sont victimes plus rapidement que d’autres et comment prévenir l’hyperthermie ?
Conçu sur mesure par l’entreprise Thermetrics, de Seattle (pour un coût de 650 000 dollars), Andi respire et transpire, grâce à un système de refroidissement interne et des « pores » qui laissent perler la sueur. Une dizaine de mannequins thermiques du même type sont déjà opérationnels, utilisés pour la plupart par les fabricants de vêtements de sports extrêmes pour tester leurs produits.
Andi est le premier à être équipé pour sortir dans les conditions du réel. Comme les humains, le mannequin répartit sa transpiration dans certaines parties du corps. « On sait que le dos transpire plus que les mollets, par exemple », note Konrad Rykaczewski. L’équipe a programmé soixante morphologies différentes pour mesurer l’impact éventuel de la forme du corps sur la réaction à la chaleur. « Il n’y a pas d’individu moyen », ajoute l’ingénieur. Les personnes âgées transpirent moins que les autres. La thermorégulation varie en fonction de l’âge, du sexe, de l’état de santé et de facteurs conjoncturels. « Si vous avez consommé de l’alcool la veille », par exemple…
Il vous reste 42.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.