
Ce n’est pas une grande surprise, mais ça n’en est pas moins alarmant. Le nombre de nappes phréatiques déficitaires stagne à un niveau critique, depuis plusieurs mois, dans l’Hexagone. « Au 1er juillet 2023, 68 % des nappes phréatiques métropolitaines sont toujours sous les normales de saison », a affirmé, mardi 11 juillet, Christophe Béchu à l’occasion d’une conférence de presse. Un chiffre stable par rapport au mois précédent, mais qui atteste de niveaux « très préoccupants », selon le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
Parmi les deux tiers de nappes sous les normales, 20 % présentent des niveaux « très bas », selon les données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). « Ce qui est assez nouveau cet été, c’est que presque tout le territoire français enregistre des niveaux de nappes phréatiques beaucoup plus bas que ce que l’on connaissait jusqu’à présent », commente Eric Servat, hydrologue à l’Institut de recherche pour le développement et directeur du centre international Unesco sur l’eau.
Ce déficit d’eau souterraine s’explique par l’absence de pluies suffisantes pour pallier les effets de l’été 2022, qui avait fortement asséché les nappes. Au 1er juillet 2022, 75 % des nappes phréatiques présentaient ainsi un niveau d’eau inférieur aux normales de saison, selon les donnés du BRGM. La sécheresse hivernale qui a suivi n’a pas permis de les recharger aux niveaux attendus. Et si la fin du printemps a été pluvieuse, cette période n’est pas idéale pour permettre leur remplissage, notamment parce que les températures, plus élevées, favorisent l’évapotranspiration. « On a, cette année, des précipitations, mais elles n’ont pas été très utiles pour la recharge des nappes, car elles sont arrivées assez tard et ont été en grande partie absorbées par la végétation, qui avait déjà bien démarré », étaie Eric Servat.
« Minima historiques » sur de nombreux secteurs
En un an, les nappes d’eau ont connu une évolution à géométrie variable selon les régions. Ainsi, la situation s’est améliorée en Bretagne et sur la façade atlantique par rapport à juillet 2022. A l’inverse, elle est plus préoccupante dans le Bassin parisien (avec un niveau passé de « modérément bas » en juillet dernier à « bas » cette année), le couloir rhodanien (de « bas » à « très bas ») et dans l’ouest du pourtour méditerranéen (de « modérément bas » à « très bas »). « Si on regarde l’ensemble de l’arc méditerranéen, il n’y a pas un endroit qui n’ait pas fait l’objet d’un arrêté préfectoral attestant d’un niveau d’alerte renforcée ou de crise, alors que nous ne sommes qu’au début du mois de juillet », détaille l’hydrologue. Le BRGM note également que « les niveaux très bas gagnent du terrain » et que « des minima historiques sont observés sur de nombreux secteurs ».
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