Le dossier de la consigne des bouteilles est complexe mais, en la matière, les objectifs sont simples : diminuer la consommation de plastique à usage unique. Les bouteilles en plastique seraient vendues 10 à 15 centimes d’euro de plus, un montant que récupérerait le consommateur en les rapportant une fois vides dans des points de collecte situés sur les parkings de supermarché ou chez les commerçants.
Le projet de mise en place de la consigne a déjà donné lieu en 2019 à des affrontements entre ses partisans – les industriels qui mettent sur le marché ces bouteilles en plastique et ceux qui les recyclent – et ses adversaires, les collectivités territoriales, inquiètes de voir cette matière première leur échapper. Aujourd’hui, ce sont elles qui récoltent ces bouteilles dans les poubelles jaunes et les revendent aux recycleurs. Et certaines ont investi massivement dans la modernisation et l’adaptation de leurs centres de tri.
Le conflit est si sensible que le gouvernement, qui a ouvert, fin janvier, une concertation prévue pour aboutir à une décision d’ici à l’été, conformément à la loi Antigaspillage pour une économie circulaire, du 10 février 2020, a dû la reporter à l’automne.
L’enjeu est crucial alors que, en 2025, 77 % des bouteilles en plastique devront être collectées pour recyclage et que les industriels auront l’obligation d’utiliser 25 % de plastique recyclé, d’où la valeur prise par ce matériau. Puis, en 2030, le nombre de bouteilles en plastique à usage unique devra être réduit de 50 % par rapport à 2018.
En l’espèce, la France a encore du chemin à faire pour atteindre l’objectif de 75 % de taux de collecte des bouteilles en plastique pour recyclage fixé par l’Europe pour 2025, ce taux étant actuellement d’environ 61 % dans l’Hexagone. Par comparaison, le taux de recyclage du verre est proche de 90 %, les bouteilles représentant près de 80 % des emballages en verre.
Sidération
Entre collecte et consigne, le débat fait rage. « La première plaît à tout le monde, un peu par nostalgie du temps où on ramenait sa bouteille en verre pour réemploi », décrit Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, réseau de collectivités spécialisé dans l’environnement. La seconde, où le retour des bouteilles en plastique serait rémunéré au consommateur, déclenche les passions. A son propos, Amorce dénonce une « vaste campagne de lobbying à l’échelle européenne, lancée par certains industriels pour verdir l’image de la bouteille en plastique jetable, en s’appuyant sur un projet de “fausse consigne pour recyclage” ».
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