L’été 2022 a fait beaucoup plus de morts en lien avec la chaleur que ce que l’on croyait. Selon les données publiées lundi 10 juillet par une équipe de chercheurs de l’ISGlobal, en Espagne, et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en France, près de 62 000 personnes dans trente-cinq pays seraient mortes à cause de la chaleur qui avait submergé l’Europe du 30 mai au 4 septembre 2022.
Jusque-là, des organismes internationaux tels que l’Organisation mondiale de la santé ou l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le réseau européen Copernicus estimaient qu’entre 15 000 et un peu plus de 16 000 personnes étaient mortes à cause des vagues caniculaires de l’été 2022, enregistré pour l’instant comme le plus chaud du XXIe siècle. Ces organisations ne prenaient en compte que les moments les plus chauds, tandis que l’étude rendue publique le 10 juillet examine l’ensemble de l’été météorologique, qui compte les mois de juin, de juillet et d’août.
« Les systèmes d’alerte sanitaires ne s’activent qu’au moment des vagues de chaleur, mais il y a beaucoup d’autres températures, non cataloguées comme caniculaires, qui peuvent avoir un impact important sur la santé, souligne Hicham Achebak, chercheur postdoctorant à l’Inserm et l’un des auteurs de l’étude. Cela montre qu’il reste beaucoup à faire dans de nombreux pays pour mettre en place des mesures plus efficaces. »
D’autant plus que probablement encore plus de personnes ont succombé à la chaleur au cours de l’été 2022. Les données compilées à partir de la base européenne Eurostat sous-estiment les véritables chiffres, ce que les chercheurs soulignent comme une des limites de leurs travaux. En effet, certains pays n’ayant pas fourni les données de mortalité quotidiennes, ils ont dû travailler à partir des données hebdomadaires, moins précises.
« On peut comprendre qu’ils aient utilisé les données hebdomadaires, car ce sont les seules données accessibles aussi rapidement », analyse Pierre Masselot, chargé de recherche à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui n’a pas participé à l’étude. « Utiliser ces données compilées par semaine peut lisser la surmortalité liée à la chaleur, car on peut perdre un ou deux jours extrêmes dans le décompte », précise le chercheur.
Au niveau français, par exemple, l’équipe franco-espagnole arrive à une estimation de 4 807 morts de chaleur sur la période, alors que l’agence Santé publique France a récemment rendu public un chiffre de 6 969 morts liées à la chaleur entre le 1er juin et le 15 septembre 2022. Un écart important, que M. Achebak attribue à d’autres différences méthodologiques, mais qu’il estime moins important dans les autres pays étudiés.
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