
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) plaide pour l’interdiction d’une substance dangereuse pour l’environnement dans les crèmes solaires. Selon les informations de Franceinfo, confirmées par l’Anses auprès du Monde, l’agence a adressé au ministère de la transition écologique, le 26 mai, une demande de restriction d’usage de l’octocrylène, une molécule utilisée comme filtre à ultraviolets dans de nombreux cosmétiques : écrans solaires et crèmes de soin anti-âge.
En général, les recommandations de l’Anses à la direction générale de la prévention des risques sont rapidement suivies d’effet mais des représentants du personnel de l’Anses ont cette fois dénoncé, en conseil d’administration, une situation de « blocage » inédite. Les recommandations de l’Anses concernent, à ce stade, uniquement les risques que présente l’octocrylène pour l’environnement, et en particulier pour les milieux aquatiques. Sa toxicité sur le zooplancton, les microalgues ou encore les coraux a fait l’objet de nombreux travaux. Du fait de son caractère bioaccumulable, l’octocrylène se retrouve aussi dans la chaîne alimentaire (coquillages, poissons, etc.) et a déjà été interdit dans de petits pays insulaires (Palau, îles Vierges, etc.).
Contacté, le ministère de la transition écologique dément toute réticence à agir et assure que la France portera bien un dossier de restriction au niveau européen, dans le cadre du règlement Reach (enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques). La procédure doit cependant commencer par le lancement d’une consultation au niveau national, de manière à identifier tous les usages de cette substance et mettre en évidence d’éventuelles utilisations ne présentant pas, ou peu, de risques.
Pas avant 2025
L’instruction du dossier, pilotée par l’Agence européenne des produits chimiques, prend généralement plusieurs années avant de déboucher sur des mesures d’interdiction de certains usages : les éléments rassemblés sont passés en revue par plusieurs panels d’experts commis par les Etats membres et les restrictions d’usages sont, in fine, mises au vote avant d’être adoptées au niveau communautaire.
Toutefois, le règlement Reach prévoit une clause de sauvegarde. Sans attendre l’issue du dossier, un Etat membre peut prendre des mesures immédiates et provisoires d’interdiction d’un produit autorisé au niveau communautaire, s’il est « fondé à estimer qu’une action d’urgence est indispensable pour protéger la santé humaine ou l’environnement ». Le ministère de la transition écologique n’envisage pas une telle option et se place dans une démarche de constitution d’un dossier de restriction classique, qui n’aboutira pas avant 2025 au plus tôt.
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