Le sud du Brésil ne connaît pas de répit. Des pluies tombaient de nouveau, vendredi 10 mai, sur Porto Alegre et sa région toujours largement sous les eaux. Les pluies torrentielles qui se sont abattues la semaine dernière sur l’Etat du Rio Grande do Sul ont fait croître les cours d’eau, affectant près de deux millions de personnes et faisant 126 morts et 756 blessés, selon le dernier bilan diffusé vendredi par la défense civile.
Avec 141 personnes toujours portées disparues, les autorités craignent que le bilan ne continue de s’alourdir alors que la région s’attend à de « fortes » précipitations tout au long du week-end.
Au cours des dernières vingt-quatre heures, le nombre de personnes contraintes d’évacuer leur domicile depuis la semaine dernière a quasi doublé, atteignant 411 000, selon la défense civile. Plus de 71 000 sinistrés ont été pris en charge dans des abris.
Nouvelle période d’instabilité atmosphérique intense
Malgré les nouvelles pluies, les habitants de la capitale régionale de 1,4 million d’habitants tentent de retrouver un semblant de normalité. Des magasins rouvrent, tandis que l’eau se retire lentement de certains quartiers où le trafic est dense en raison des nombreuses rues encore inondées à travers la ville.
La région s’attendait vendredi à des pluies accompagnées de « vents intenses et de grêle », selon l’Institut national de météorologie. Le site spécialisé MetSul Meteorologia a annoncé, de son côté, « une nouvelle période d’instabilité atmosphérique intense », avec des précipitations cumulées qui pourraient atteindre jusqu’à 200 millimètres lundi à Porto Alegre.
Dans la métropole de 3,4 millions d’habitants, l’eau en bouteille reste rare, malgré le ballet incessant, nuit et jour, des camions-citernes, qui approvisionnent abris, hôpitaux, immeubles ou encore hôtels.
« Notre climat est sous stéroïdes »
La violence de ces inondations historiques a endommagé ou détruit plus de 85 000 habitations. Le gouverneur de l’Etat, Eduardo Leite, a estimé que « des zones entières » de certaines localités dévastées par les eaux devront être « déplacées », ce qui coûtera « plusieurs millions ». Jeudi, il avait évalué le coût de la reconstruction à 19 milliards de réais (3,4 milliards d’euros). Le gouvernement fédéral a promis jeudi de débloquer quelque neuf milliards d’euros pour la reconstruction de la région sinistrée.
Champs et machines sous les eaux, élevages et entrepôts inaccessibles, la catastrophe naturelle a également durement frappé le secteur agricole, moteur de l’économie locale et nationale. Dans les régions de rizières entourant Porto Alegre, des journalistes de l’Agence France-Presse ont constaté que le niveau de l’eau rendait les cultures inaccessibles.
Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence des Nations unies (ONU), a estimé vendredi que les inondations étaient le résultat du réchauffement climatique couplé au phénomène météorologique naturel El Niño.
« Même si El Niño s’estompe, ce qui ne manquera pas d’arriver, les effets à long terme du changement climatique se font sentir. Chaque fraction de degré d’augmentation de la température signifie que notre climat deviendra plus extrême », a-t-elle estimé lors d’une conférence de presse à Genève. « Notre climat est sous stéroïdes » et les inondations extrêmes et les vagues de chaleur intenses vont continuer de « se multiplier », a-t-elle prévenu.