En Islande, l’éruption imminente laisse aussi craindre des effets sur l’économie

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Faille dans la ville de Grindavik, le 13 novembre.

Rues éventrées par une faille béante, pans de terre fracassés, maisons fissurées… Les dégâts engendrés depuis dix jours par des centaines de séismes dans la petite ville portuaire de Grindavik, au sud-ouest de l’Islande, sont déjà spectaculaires. Si les 3 700 habitants ont été évacués le 11 novembre (ils représentent 1 % de la population), leur bourgade, située sur la péninsule de Reykjanes, reste menacée par une éruption volcanique. Dimanche 19 novembre, l’Office météorologique local estimait probable que celle-ci survienne dans les jours à venir.

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Les Islandais sont, il est vrai, coutumiers de telles catastrophes : située entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne dans l’Atlantique nord, leur île recense une trentaine de systèmes volcaniques actifs. En mars 2021, la lave avait déjà jailli sur Reykjanes, près du mont Fagradalsfjall, suivi de deux autres éruptions en août 2022 et juillet 2023. « Mais elles se sont produites dans des zones retirées sans menacer directement une ville, contrairement à aujourd’hui, explique Michel Sallé, docteur en sciences politiques et co-auteur de l’ouvrage Histoire de l’Islande, des origines à nos jours (Tallandier, 2018). La plus grande incertitude règne sur les conséquences que pourrait avoir une nouvelle éruption : elles seraient très différentes selon l’endroit et la trajectoire suivie par la lave ».

Les premiers dommages concernent déjà Grindavik, donc. « Le fonds spécial dédié aux catastrophes dispose de 50 à 60 milliards de couronnes islandaises [325 à 391 millions d’euros], il est réassuré pour fournir un montant similaire en plus, et l’Etat se portera garant des prêts si des besoins supplémentaires s’avèrent nécessaires », explique Thorolfur Matthiasson, économiste à l’Université d’Islande. De quoi couvrir une large partie de la reconstruction des maisons et infrastructures, qui prendra des mois. Le gouvernement a également soumis un projet de lois pour garantir les salaires des travailleurs de Grindavik pendant au moins trois mois.

L’aéroport international est hors de portée

Dans la mémoire islandaise, la situation de ce port de pêche réveille le souvenir du 23 janvier 1973, lorsqu’un volcan, l’Eldfell, avait surgi dans la nuit sur Heimaey, l’une des îles islandaises de l’archipel de Vestmann. Des coulées de laves menacèrent de boucher l’entrée du port et détruisirent de nombreuses maisons. « Le coût de réparation s’éleva à 5,5 % du produit intérieur brut du pays », ajoute Thorolfur Matthiasson. Huit cents des 5 300 habitants ne revinrent jamais à Heimaey. Et l’inflation islandaise bondit de 25 % à 42 % entre 1973 et 1974, en partie alimentées par les tensions sur le marché du travail et du BTP, provoquées par la reconstruction des habitations. « Pour les mêmes raisons, les travaux à Grindavik pourraient également créer des tensions inflationnistes dans les mois à venir », estime M. Matthiasson.

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