
C’est dès novembre 1947 que l’ONU a adopté le principe même de la solution à deux Etats. Elle a en effet voté un plan de partage de la Palestine, alors sous mandat britannique depuis vingt-cinq ans, entre un Etat juif et un Etat arabe, Jérusalem demeurant sous statut international. Ce plan a bénéficié du soutien conjoint des Etats-Unis et de l’URSS, qui ont remisé, à cette occasion, les différends de leur début de « guerre froide ». Il a été approuvé par la direction sioniste, pour qui l’attribution à un Etat juif de 55 % de la Palestine représentait une victoire inespérée, alors que la population juive ne s’élevait qu’à un tiers de celle du territoire. Il a été rejeté par la partie arabe, qui fustigea la dépossession de la majorité autochtone de la population au profit des immigrés juifs récemment installés. Le sort de l’importante minorité arabe qui aurait continué d’habiter le futur Etat juif suscitait en outre l’inquiétude.
De la Nakba à Camp David
La guerre pour la Palestine éclate dès le vote du plan de partage par l’ONU, d’abord entre milices sionistes et arabes, puis, à partir de l’expiration du mandat britannique, en mai 1948, entre le nouvel Etat d’Israël et les armées arabes. Plus de la moitié des 750 000 Palestiniens contraints de quitter leur foyer le sont avant la proclamation de l’Etat d’Israël. Cet exode massif, désigné en arabe sous le nom de « Nakba » (la « catastrophe »), s’accompagne de la destruction ou de la judaïsation de centaines de localités palestiniennes sur le territoire désormais israélien, qui couvre 77 % de la Palestine mandataire (la Jordanie en annexe 22 %, la bande de Gaza sous administration égyptienne représentant le 1 % résiduel).
L’ONU admet Israël comme Etat-membre en mai 1949, tandis que les Etats arabes s’accordent pour dénier toute représentation autonome aux Palestiniens. Il faut attendre deux décennies pour que Yasser Arafat prenne le contrôle de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), vouée alors à la destruction de l’Etat d’Israël. Mais le refus de la lutte armée par l’Intifada, soit le « soulèvement » des territoires occupés par Israël, en décembre 1987, conduit l’OLP à endosser, un an plus tard, la solution à deux Etats.
Le président François Mitterrand avait, dès sa première visite d’Etat en Israël, en mars 1982, évoqué l’OLP et l’Etat palestinien à la tribune de la Knesset, le Parlement israélien. Lors de sa seconde visite d’Etat, en novembre 1992, il se réfère au plan de partage de la Palestine par l’ONU pour affirmer que, entre Israël et le futur Etat palestinien, « le droit est le même ». Il est vrai que son hôte en Israël est le premier ministre Yitzhak Rabin, qui vient d’ouvrir un canal secret de négociations avec l’OLP.
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