Guerre Israël-Hamas : l’OMS demande l’évacuation de l’hôpital Al-Shifa, devenu une « zone de mort »

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Image satellitaire de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, le 11 novembre 2023.

L’hôpital Al-Shifa est devenu une « zone de mort », a dénoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dimanche 19 novembre, demandant son évacuation, au moment où l’armée israélienne étend ses opérations dans le territoire assiégé. L’OMS a coordonné, au sein du complexe hospitalier, une mission « à très hauts risques » d’une durée d’une heure samedi.

Des centaines de personnes qui avaient trouvé refuge dans l’établissement, le plus grand de Gaza, avaient déjà quitté les lieux après en avoir reçu l’ordre samedi par l’armée israélienne, selon le directeur de l’établissement et un journaliste de l’Agence France-Presse sur place. L’armée dément avoir ordonné l’évacuation, assurant seulement avoir « répondu à une requête » du directeur de l’hôpital Al-Shifa.

Après ces départs, l’immense complexe hospitalier hébergeait encore samedi, selon l’OMS, 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, 22 patients sous dialyse et deux en soins intensifs. De nombreux blessés souffrent d’infections graves en raison du manque d’antibiotiques et des mauvaises conditions d’hygiène, a rapporté l’organisation à l’issue de sa mission.

« L’OMS et ses partenaires élaborent d’urgence des plans pour l’évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs familles » vers d’autres hôpitaux de Gaza, a ajouté l’organisation, qui a de nouveau appelé à un cessez-le-feu.

Malgré les dénégations du Hamas, l’armée israélienne, qui a lancé mercredi matin un raid sur l’hôpital, a réitéré ses accusations selon lesquelles l’établissement abrite un repaire du mouvement islamiste, installé notamment dans un réseau de tunnels.

Une école gérée par l’ONU visée par une frappe

Alors que la guerre entre dans son 44jour dimanche, les forces israéliennes continuent « d’étendre [leurs] opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza », ont-elles annoncé, affirmant être intervenues samedi dans les zones de Jabaliya et de Zaytoun, dans le nord du territoire.

Le Hamas a assuré samedi que des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya, géré par l’ONU, avaient fait plus de 80 morts, dont au moins 50 dans une école qui héberge des déplacés. Des images diffusées sur les réseaux sociaux et authentifiées par l’Agence France-Presse montrent des corps, certains couverts de sang, dans les étages de l’école Al-Fakhoura du camp de Jabaliya, visée par une frappe, selon le ministère de la santé du territoire palestinien, administré par le Hamas.

Interrogée à propos de cette frappe, l’armée israélienne a affirmé à l’AFP avoir « reçu des rapports sur un incident dans la région de Jabaliya », ajoutant qu’il était « en cours d’examen ». La seconde frappe, qui a touché une maison de Jabaliya, a tué 32 membres d’une même famille, dont 19 enfants, toujours selon le ministère de la santé de la bande de Gaza.

« Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l’UNRWA qui abritait des milliers de déplacés », a écrit sur X le patron de cette agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, qui a exigé que « ces attaques » cessent.

Une marche en Israël pour demander la libération des otages

Plus des deux tiers des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, selon l’ONU. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et tentent de survivre dans le froid qui s’installe. Selon l’UNRWA, 70 % de la population n’a pas accès à l’eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues, les stations d’épuration ayant cessé de fonctionner faute de carburant.

Et des frappes ont également lieu dans le sud de la bande de Gaza. Dans la nuit de vendredi à samedi, un bombardement a ainsi fait 26 morts dans la ville de Khan Younès, d’après le directeur de l’hôpital Al-Nasser.

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Samedi soir, le ministère de la santé de Gaza a annoncé que 12 300 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, dont plus de 5 000 enfants.

De son côté, l’armée israélienne a annoncé samedi soir que 236 personnes étaient retenues en otage dans la bande de Gaza. Le dernier bilan faisait état de 239 otages. L’armée n’a pas précisé les raisons de cette réévaluation. Une marche pour soutenir les familles de ces otages est arrivée samedi à Jérusalem avec pour objectif de maintenir la pression sur le gouvernement israélien. « Ramenez-les à la maison, maintenant. Tous », ont clamé au milieu d’une marée de drapeaux israéliens les manifestants, partis mardi de Tel-Aviv. Les familles ont obtenu d’être reçues lundi par le cabinet de guerre du gouvernement.

Biden souhaite la réunification de la Cisjordanie et de Gaza

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a de nouveau mis en garde samedi, dans une tribune publiée par le Washington Post, contre la tentation d’Israël d’occuper la bande de Gaza, appelant à une future réunification de l’enclave avec la Cisjordanie sous une « Autorité palestinienne revitalisée ».

« Gaza ne doit plus jamais être utilisée comme une base pour le terrorisme. Il ne doit pas y avoir de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza, pas de réoccupation, pas de siège ni de blocus, et pas de réduction du territoire », énumère-t-il.

Lire aussi le reportage : Article réservé à nos abonnés La Cisjordanie, le chaudron qui menace d’exploser

Il a par ailleurs menacé d’interdire de visas aux Etats-Unis les colons « extrémistes qui attaquent des civils en Cisjordanie ». « La violence extrémiste contre les Palestiniens de Cisjordanie doit cesser et ceux qui commettent ces violences doivent rendre des comptes », a-t-il écrit.

Si l’essentiel des combats depuis l’attaque du Hamas se déroule à Gaza, les tensions sont vives en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël : environ 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère de la santé palestinien.

Le Monde avec AFP

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