Le jeu vidéo, autre outil du soft power de l’Arabie saoudite

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Des spectateurs du Gamers8, compétition de jeux vidéo, à Riyad, le 9 juillet 2023.

Après la clientèle des hôtels de luxe et les vedettes du football, place aux gameurs. L’Arabie saoudite est un acteur sur lequel il va falloir compter ces prochaines années dans le secteur du jeu vidéo. Depuis plusieurs mois, le royaume wahhabite ne dissimule plus son ambition de devenir l’une des places fortes mondiales de cette industrie.

Dernière manifestation en date de ces intentions, le prince héritier Mohammed Ben Salman, dit « MBS », a annoncé en personne, le 24 octobre, la tenue, à partir de 2024 à Riyad, d’une Coupe du monde de l’e-sport, qui verra s’affronter les joueurs les plus doués autour de jeux populaires. Pour lui, il s’agit de « la prochaine étape naturelle [visant à permettre à l’Arabie saoudite] de devenir la première plaque tournante mondiale du jeu vidéo et de l’e-sport ». En 2023, le pays de la péninsule Arabo-Persique a été le premier à proposer une compétition de jeux vidéo (Gamers8, en été), offrant un total de gains record de 45 millions de dollars (41,4 millions d’euros).

Racheter des studios à travers le monde

En septembre 2022, déjà, le Public Investment Fund (PIF) – le fonds souverain saoudien – avait déclaré débloquer 38 milliards de dollars afin d’investir dans cette filière. Un projet qui s’inscrit dans le cadre du plan Vision 2030, lequel consiste à réduire la dépendance du royaume aux revenus du pétrole. D’ici à la fin de la décennie, Riyad entend ainsi attirer ou faire émerger 250 sociétés dans le domaine vidéoludique et créer, ce faisant, près de 40 000 emplois. Le secteur pourrait ainsi générer 1 % du produit intérieur brut national.

Tête de pont de cette stratégie : le groupe Savvy, propriété du PIF et dont le président du conseil d’administration est « MBS » lui-même – lequel a la réputation d’être féru de jeux vidéo. Pour prendre les commandes de la société, Brian Ward, un vétéran de l’industrie, qui a occupé auparavant des postes à responsabilités chez les plus grands noms du secteur (Activision, EA, Xbox), a été débauché.

L’entreprise a vocation à racheter des studios à travers le monde. A ce jour, sa plus grande acquisition est celle de Scopely (Monopoly Go ! Scrabble Go), pour 4,9 milliards de dollars, en avril. Elle a aussi acquis pour 1 milliard de dollars d’actions du conglomérat suédois Embracer.

Lire l’analyse (en 2020): Article réservé à nos abonnés En Arabie saoudite, une diversification économique en panne

Le PIF a également pris des parts dans le gratin du jeu vidéo mondial : il détient plus de 8 % du japonais Nintendo, a investi massivement dans Activision Blizzard (pour une participation estimée fin mars à 3,2 milliards de dollars), Electronic Arts (3,2 milliards) ou Take-Two (1,7 milliard). Seules ses participations dans le constructeur de voitures électriques de luxe Lucid (9,4 milliards) et dans Uber (3,1 milliards) peuvent rivaliser avec ces montants.

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