Chaque diffusion d’une nouvelle saison de The Crown suscite ses polémiques ou son émoi médiatique. La première partie de la sixième et dernière saison, disponible depuis jeudi 16 novembre, ne fait pas exception. Cette fois, c’est l’apparition du fantôme de Diana qui divise les chroniqueurs.
Pourtant, sept ans après le lancement de la première saison de la série de Netflix consacrée à la famille royale britannique, du mariage d’Elizabeth, en 1947, jusqu’à la mort accidentelle de la princesse de Galles sous le tunnel du pont de l’Alma, à Paris, le 31 août 1997, l’événement ne fait plus les gros titres au Royaume-Uni.
Il faut dire que la réalité des deux dernières années a largement dépassé la fiction, limitant peut-être l’effet de surprise pour les spectateurs. Avec les célébrations du jubilé de platine, en juin 2022, le décès d’Elizabeth II, en septembre suivant, ses funérailles d’Etat dix jours plus tard et le couronnement de son fils Charles III en mai, ils ont été largement servis, avec une succession de somptueux et solennels événements royaux.
Le départ fracassant du prince Harry et de sa femme Meghan Markle pour la Californie et leurs récriminations récurrentes à l’égard du reste de la famille royale par interview ou biographie (Spare, par le prince Harry) interposés ont également offert un haletant script de « soap opera ». Et c’est sans parler des amitiés très discutables d’Andrew, fils cadet d’Elizabeth II, avec Jeffrey Epstein, et les accusations portées contre lui par une des victimes de ce criminel sexuel (qui se sont soldées par un règlement à l’amiable début 2022).
« C’est la nature des séries de prendre des libertés avec l’histoire »
Comparé à cette actualité fournie et souvent scandaleuse, à l’acidité du documentaire Harry & Meghan, diffusé fin 2022 sur Netflix, The Crown offre une réalité patinée par le temps et par une production à gros budget, aux décors et aux dialogues léchés, met en scène des membres de la famille royale de manière bien plus flatteuse que les tabloïds, qui se sont acharnés contre Meghan Markle, comme ils s’étaient déchaînés contre Catherine Middleton ou Camilla Parker Bowles avant elle.
« Netflix a plutôt aidé la famille royale ; la série a rendu ses membres plus attachants, elle les a humanisés alors qu’ils restaient des figures plutôt distantes, estime Pauline Maclaran, spécialiste de la culture de consommation à l’Université Royal Holloway de Londres. Netflix donne à voir le point de vue de la reine Elizabeth II au moment de la mort accidentelle de Diana, alors qu’il lui a été beaucoup reproché à l’époque d’avoir été indifférente. Le prince Philip est dépeint comme un macho, mais aussi comme quelqu’un qui a fait passer son devoir avant son ambition personnelle. »
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