Aux Philippines, une ex-sénatrice et opposante à l’ancien président Dutertre libérée après plus de six ans de détention

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L’ancienne sénatrice philippine Leila de Lima, emprisonnée pendant six ans,  salue ses soutiens à la sortie du Palais de justice après sa libération, à Muntinlupa, aux Philippines, le 13 novembre 2023.

Un peu moins de sept ans après le début de sa détention, l’ex-sénatrice philippine Leila de Lima, une opposante au long cours de l’ex-président des Philippines Rodrigo Duterte (2016-2022), a obtenu, lundi 13 novembre, sa mise en liberté conditionnelle. Mme de Lima, âgée de 64 ans, est restée un long moment la tête dans les mains sur le banc du tribunal, en pleurs, tandis qu’elle recevait les accolades de ses partisans.

Son inculpation, en 2017, pour une longue série de délits, dont trois accusations de trafic de drogues au motif qu’elle aurait reçu des pots-de-vin de trafiquants emprisonnés alors qu’elle était ministre de la justice – entre 2010 à 2015 –, était apparue comme une vendetta personnelle du président contre une figure de proue de l’opposition.

La nouvelle sénatrice, élue, comme Rodrigo Duterte, en mai 2016, venait en effet de lancer, en tant que présidente de la commission du Sénat sur les droits humains et la justice, une enquête sur les victimes extrajudiciaires de la guerre brutale contre la drogue lancée par le nouveau chef d’Etat dès son arrivée au pouvoir.

Dénonciation des « escadrons de la mort »

Or, Mme de Lima s’était déjà fait connaître pour avoir dénoncé, en tant que haut-commissaire aux droits humains du gouvernement, les disparitions de dealeurs présumés attribuées aux « escadrons de la mort » de M. Duterte à Davao, la ville dont il était alors maire. Ces allégations, revenues sur le devant de la scène lors de la campagne pour la présidentielle de 2016, n’avaient pas entamé la popularité du candidat.

Lire aussi le portrait, en 2017 : Article réservé à nos abonnés Rodrigo Duterte, itinéraire d’un tueur à la tête des Philippines

Si les représailles du « Trump philippin » à l’égard de celle qu’il considérait comme sa pire ennemie ne faisaient de doute pour personne, elles se sont confirmées après que trois des témoins-clés de l’accusation sont revenus sur leurs déclarations à la fin du mandat de Duterte, et révélé avoir subi des pressions, ou reçu de l’argent, en échange de leurs témoignages. A partir de 2021, Mme de Lima a été progressivement acquittée d’une partie des accusations qui la visaient jusqu’à enfin obtenir la liberté conditionnelle. La sénatrice avait continué sans relâche à dénoncer M. Duterte depuis sa cellule, puis fait campagne depuis la prison pour sa réélection au Sénat en 2022 – en vain. En octobre 2022, elle fut même prise en otage par des détenus liés à l’organisation Etat islamique lors d’une tentative d’évasion.

« Il sait ce qu’il m’a fait »

L’ex-sénatrice est vite apparue comme une prisonnière de conscience particulièrement encombrante pour le président Bongbong Marcos, élu en mai 2022, et artisan d’un rapprochement stratégique spectaculaire avec les Etats-Unis, allié historique de toujours, très critiques des dérives de Rodrigo Duterte. Or, M. Marcos s’est fait élire avec les voix des partisans de son prédécesseur, qui ont soutenu le ticket formé par le fils de l’ex-dictateur Marcos avec la propre fille de M. Duterte, Sara Duterte, au poste de vice-présidente. Leurs relations se sont toutefois détériorées. Devenue secrétaire pour l’éducation, Mme Duterte a ainsi été privée des « fonds secrets » accordés à certains ministres en matière de sécurité.

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