Abdesalem Lassoued ou l’itinéraire européen d’un djihadiste tunisien

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Recueillement et hommages sur les lieux de l’attentat qui a coûté la vie à deux Suédois, à Bruxelles, le 16 octobre 2023. (Capture d’écran tirée d’une vidéo de Reuters).

Comment Abdesalem Lassoued, meurtrier le 16 octobre à Bruxelles de deux ressortissants suédois au nom de « l’Etat islamique », a-t-il pu échapper autant de fois à la vigilance des services de renseignement ? Le parcours singulier de cet homme de 45 ans, tué le lendemain de son attaque par la police belge, met en lumière les défaillances des services sécuritaires de plusieurs pays européens et leur absence de coordination avec la Tunisie, dont le terroriste a profité.

En Tunisie, peu d’éléments ont été dévoilés sur le parcours d’Abdesalem Lassoued avant sa condamnation à vingt-six ans de prison ferme en 2005. Il avait alors 28 ans et était accusé de deux tentatives d’assassinat et d’un incendie, selon les autorités belges. Le ministère de l’intérieur tunisien et le parquet refusent tout commentaire, mais une chaîne de télévision tunisienne, Hannibal TV, a réussi à recueillir le témoignage de ses parents, diffusé le 21 octobre. Ceux-ci se disent étonnés de l’acte de leur fils, pointant seulement son comportement « impulsif ». « Il avait des problèmes comme les garçons d’aujourd’hui », relativise son père, qui raconte qu’après avoir quitté l’école à l’âge de 10 ans son fils avait travaillé quelque temps comme vendeur de légumes. Les années qui précèdent sa condamnation en Tunisie pour des crimes de droit commun ou son orientation politique et religieuse à cette époque demeurent largement inconnues.

Quoi qu’il en soit, pour Abdesalem Lassoued, la révolution tunisienne sera l’occasion de se faire la belle de la prison de Gabès, dans le sud-est du pays, où il purge sa peine. Au lendemain de la fuite du président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, comme plus du tiers des 30 000 prisonniers du pays, il s’évade en profitant d’une mutinerie et retourne à Sfax, sa ville natale. « Je n’étais pas là, indique son père, mais les jeunes du quartier lui ont dit de ne pas rester, car sinon il se ferait arrêter, alors il s’est enfui au bout de quelques jours. »

« Protection internationale »

Il décide alors de quitter clandestinement le pays pour rallier l’île italienne de Lampedusa, qui connaît déjà un afflux massif de migrants. L’Italie avait alors décidé d’octroyer des permis de séjour temporaires pour permettre à ces derniers de se diriger vers d’autres pays de l’espace Schengen. M. Lassoued profite de cette mesure : enregistré par les services de l’immigration à Turin, il se rend alors en France, puis au Portugal, où des proches lui proposent un travail, selon le témoignage de son père. « Mais il a vite arrêté parce que c’était dans le domaine de l’alcool », indique-t-il. Le jeune homme quitte alors le Portugal pour la Norvège, à Oslo, où il rejoint un de ses cousins.

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