En Argentine, les positions antiféministes de Javier Milei suscitent l’inquiétude

0 Shares
0
0
0
Le candidat ultralibéral à la présidentielle argentine, Javier Milei, le 6 novembre 2023, à La Matanza (Argentine).

« Vous niez l’existence du patriarcat par ignorance ou par machisme ? » La question provocatrice est posée par Myriam Bregman (extrême gauche) au candidat d’extrême droite Javier Milei, lors d’un débat télévisé, le 1er octobre, avant le premier tour de la présidentielle argentine. « Je le nie en raison des preuves empiriques », répond avec aplomb l’outsider ultralibéral, écartant l’existence des inégalités salariales entre femmes et hommes : « Si c’était le cas, comme les maudits capitalistes exploiteurs ne veulent que gagner de l’argent, on ne verrait que des femmes dans une entreprise. » En Argentine, les hommes gagnent en moyenne 27,7 % de plus que les femmes, selon l’Institut national des statistiques.

Profondément antiféministe, Javier Milei, qui a obtenu 30 % des voix lors du premier tour le 22 octobre, remet en cause l’ensemble des récentes avancées pour les droits des femmes. Dans ce pays, fer de lance du féminisme en Amérique latine, il dit même vouloir revenir sur la loi qui a légalisé l’accès à l’interruption volontaire de grossesse en 2020, en la soumettant à référendum, pour empêcher ce qu’il considère « l’assassinat d’un être humain sans défense dans le ventre de sa mère ».

Afin de réaliser des économies budgétaires drastiques, le candidat ultralibéral entend également supprimer le ministère des femmes, des genres et des diversités, créé par le président de centre gauche Alberto Fernandez à son arrivée au pouvoir, en 2019. « Je ne vais faire aucune concession au marxisme culturel, lançait-il dès mai 2022. Je ne vais pas demander pardon parce que j’ai un pénis. »

« Il ressemble beaucoup à Jair Bolsonaro »

Pour beaucoup, le candidat incarne une pensée viriliste, celle d’hommes se sentant menacés par le mouvement féministe qui a manifesté avec force en Argentine dès 2015 sous l’égide du collectif Ni Una Menos (« Pas une [femme] de moins ») contre les féminicides. « Les féministes vont trop loin, on est passé d’un extrême à l’autre », s’insurgeait ainsi Facundo Witzel, 29 ans, partisan de Javier Milei, devant son quartier général (QG) de campagne, le soir du premier tour. Comme d’autres jeunes libertariens, il fait partie des premiers soutiens du candidat.

Lire notre grand récit : Article réservé à nos abonnés La légalisation de l’IVG en Argentine, un si long combat

« J’ai peur, pour moi et pour les femmes, lâche Florencia Alcaraz, codirectrice du site d’information féministe LatFem. Si l’Argentine recule, c’est toute la région qui risque de reculer avec elle, nous sommes très observés. » Selon les organisations féministes, cette remise en cause des droits acquis par les femmes est à l’œuvre depuis 2018. A l’époque, les Eglises catholique et surtout évangéliques s’étaient fortement mobilisées contre la légalisation de l’avortement. « Javier Milei s’inscrit aussi dans une époque [avec la montée des extrêmes droites et de l’antiféminisme], il ressemble beaucoup à Jair Bolsonaro [ancien président brésilien] », estime Celeste Mac Dougall, militante féministe, ancienne référente du collectif de la Campagne nationale pour le droit à l’avortement.

Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

0 Shares
Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

You May Also Like