A Hollywood, les acteurs obtiennent un accord qui devrait mettre fin à leur grève, plus d’un mois après les scénaristes

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L’acteur américain Jack Black rejoint une manifestation devant les studios Paramount, à Los Angeles, le 8 novembre 2023.

Les tournages devraient bientôt reprendre à Hollywood. Les acteurs et les grands studios sont parvenus, mercredi 8 novembre, à un accord pour mettre fin à la grève qui paralysait la production de films et de séries aux Etats-Unis depuis de longs mois, laquelle a coûté des milliards à l’économie américaine, a annoncé le syndicat des comédiens SAG-Aftra.

Après cent dix-huit jours de grève, les acteurs ont obtenu une nouvelle convention collective de trois ans pour les acteurs, dont la valeur est « évaluée à plus de 1 milliard de dollars [935 millions d’euros] », a expliqué l’organisation dans un communiqué.

Le syndicat publiera les détails de l’accord dans quelques jours, mais assure que celui-ci a « une portée extraordinaire ». Il comprend notamment une revalorisation importante des salaires minimaux, des garde-fous en matière d’intelligence artificielle, et établit « pour la première fois » un système de prime pour les rediffusions en streaming.

Pour que stars comme figurants reviennent sur les plateaux et permettent la reprise des tournages, les 160 000 acteurs, danseurs, cascadeurs et autres membres du SAG-Aftra doivent encore approuver leur nouvelle convention collective par un vote, une étape vue comme une formalité.

Les grands noms d’Hollywood ont célébré la fin de la grève. « La persévérance paie ! », s’est exclamé Jamie Lee Curtis sur Instagram. « Je suis très heureux que nous soyons tous parvenus à un accord, a salué Zac Efron, présent sur le tapis rouge de la première du film Iron ClawRemettons-nous au travail, allons-y, je suis tellement content. »

Les négociations avec les studios ont eu lieu quasi quotidiennement pendant ces deux dernières semaines, souvent avec les PDG de Disney, Netflix, Warner Bros et Universal en personne autour de la table, alors que la nécessité de mettre fin à ce mouvement social devenait de plus en plus pressante.

Des sorties de films et séries décalées

A l’exception d’une minorité de stars, la plupart des acteurs rencontraient de vraies difficultés financières au fur et à mesure que durait la grève, certains ont même dû se tourner vers d’autres emplois. Les studios, eux, accusaient des trous béants dans leurs calendriers de sortie pour l’année prochaine et au-delà. Après le report de productions majeures, comme le second volet de la saga Dune ou la série Stranger Things, ils vont maintenant vouloir reprendre le travail au plus vite.

L’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), qui les représentait dans les négociations, a qualifié l’accord de « nouveau paradigme » pour le secteur. Le patronat « attend avec impatience que l’industrie reprenne son travail pour narrer de grandes histoires », a expliqué l’alliance dans un communiqué.

Le secteur vient de traverser un double mouvement social historique : lorsque les acteurs sont entrés en grève, à la mi-juillet, les scénaristes avaient déjà cessé le travail depuis le début de mai. Hollywood n’avait plus connu une telle crise depuis 1960, à l’époque où Ronald Reagan, qui devait plus tard devenir président des Etats-Unis, dirigeait le syndicat des acteurs. Au total, la paralysie du secteur durant ces derniers mois a coûté au moins 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros), selon de récentes évaluations d’économistes. Soulagée, la maire de Los Angeles, Karen Bass, a salué un « accord juste », en rappelant que la grève avait affecté « des millions de personnes » dans le pays.

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Acteurs et scénaristes partageaient un constat : hormis les comédiens vedettes et les showrunneurs stars, la plupart d’entre eux n’arrivaient plus à gagner correctement leur vie à l’ère du streaming. Non seulement parce que les plates-formes produisent des séries qui comptent bien moins d’épisodes par saison qu’à la télévision, mais aussi parce que Netflix et consorts ont fait chuter drastiquement les revenus dus à chaque rediffusion de film ou de série.

Contrairement à la télévision, où une rediffusion peut être rémunérée grâce au modèle publicitaire établi d’après les chiffres d’audience, une œuvre diffusée en streaming faisait l’objet d’un paiement forfaitaire, indépendamment de la popularité du programme.

Une hausse du salaire minimal de 8 % pour les scénaristes

Les studios ont fini par trouver un accord avec les scénaristes à la fin de septembre, et la plupart d’entre eux ont depuis repris le travail. Mais, malgré ces progrès, les négociations avec les acteurs semblaient dans l’impasse.

Pour en sortir, les deux parties ont trouvé, selon la presse spécialisée, un compromis quant au salaire minimal, qui devrait augmenter d’environ 8 % par rapport à la précédente convention triennale : c’est la plus forte augmentation depuis des décennies, même si elle reste en deçà des revendications initiales des acteurs. En ce qui concerne le streaming, un système de primes pour les acteurs jouant dans des séries ou des films à succès va être mis en place.

L’encadrement de l’intelligence artificielle (IA) était un autre point de crispation majeur, particulièrement dans la dernière ligne droite des négociations. Les acteurs craignent que les studios utilisent cette technologie pour cloner leur voix et leur image, afin de les réutiliser à perpétuité sans compensation ni consentement. Les studios avaient formulé des propositions, mais le syndicat des acteurs estimait que ces mesures n’allaient pas assez loin. Au cours de ces derniers jours, les deux parties ont notamment bataillé à propos des conditions entourant les droits des studios sur l’image des acteurs stars après leur mort.

Le Monde avec AFP

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