Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont déclaré « la guerre au terrorisme ». Il fallait une victoire militaire. Leur statut de grande puissance était en jeu. L’objectif était de rétablir leur crédibilité ou leur capacité de dissuasion. Par les armes et principalement par les armes, d’abord en Afghanistan, durant l’hiver 2001, puis, à l’aube du printemps 2003, en Irak.
On sait la suite. Les talibans, qui abritaient Al-Qaida, responsable de la tuerie de masse du 11-Septembre, sont aujourd’hui de retour au pouvoir à Kaboul. Le renversement du régime de Saddam Hussein à Bagdad a provoqué une guerre civile meurtrière. Accouchant de l’organisation Etat islamique, l’occupation américaine a donné un nouveau souffle au terrorisme. Installant une majorité chiite au pouvoir en Irak, elle a renforcé la République islamique d’Iran et déstabilisé l’ensemble de la région. L’image des Etats-Unis en est sortie dégradée, durablement atteinte, particulièrement dans le monde des pays émergents – ce que l’on appelle le Sud global.
L’Amérique paie encore le prix politique de ses aventures militaires dans le Grand Moyen-Orient. Joe Biden en a tiré des leçons. Il a été le premier des responsables occidentaux à venir à Jérusalem pour exprimer la solidarité des Etats-Unis au lendemain des massacres sans précédent perpétrés par le Hamas le 7 octobre. Le président américain a défendu le droit d’Israël à répliquer par la force, mais il a aussi lancé cet avertissement : ne commettez pas « les mêmes erreurs » que nous, ne « soyez pas consumés par la rage ».
C’était une manière de poser une première question-clé dans la tragédie en cours au bord de la Méditerranée : le Hamas peut-il être défait militairement ? Car, en ces journées de bombardements dévastateurs sur un territoire dont l’exiguïté place la population en première ligne, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a rappelé l’objectif d’Israël en des termes définitifs : éradiquer l’appareil politique et militaire du Hamas, responsable de la mort de plus de 1 400 Israéliens, pour l’essentiel des civils – des familles entières, femmes, enfants, nouveau-nés, personnes âgées.
Le Hezbollah n’a pas disparu
L’ambition ainsi affichée suscite des interrogations. Le Hamas n’est pas seulement une organisation, qui peut, certes, être considérablement affaiblie. Mais, si elle a tactiquement recours au terrorisme, elle est aussi une idéologie qui, elle, ne va pas mourir. On peut même parier que le pilonnage aérien systématique, les destructions d’habitations, l’exil intérieur et les privations imposées à une population gazaouie martyrisée vont susciter la prochaine génération de djihadistes. Selon le Hamas, on compterait à cette date plus de 8 700 tués sous les bombes, dont quelque 3 500 enfants.
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