Israël et les illusions d’une solution militaire à Gaza

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Des bâtiments détruits par les bombardements israéliens vus depuis Isräel, le 3 novembre 2023.

« Nous avons mis la barre très haut et nous allons dans cette direction. Nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes, mais aussi l’ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons des édifices officiels, les forces de sécurité, et nous faisons porter la responsabilité de tout ce qui se passe sur le Hamas et ne faisons aucune distinction entre ses différentes ramifications. Nous ne sommes qu’au début de la bataille. Le plus dur est encore devant nous et, à cela, il faut se préparer. Nous voulons changer les règles du jeu. »

Cette déclaration du chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne ne date pas de ces derniers jours. Elle remonte au 27 décembre 2008. Dan Harel l’avait prononcée au troisième jour de la guerre qui, à Gaza, opposait alors Israël au Hamas, maître de l’étroite bande de terre depuis l’éviction par la force de l’Autorité palestinienne, un an plus tôt.

Quinze ans et trois autres offensives contre le Hamas plus tard, les autorités israéliennes se fixent une nouvelle fois comme objectif l’éradication de l’ensemble de l’organisation responsable des massacres de civils israéliens perpétrés le 7 octobre. La question palestinienne étant réduite à un défi sécuritaire, la réponse est strictement militaire.

Ce cadre conceptuel a généré depuis plus de deux décennies une incessante course-poursuite entre la plus puissante armée du Proche-Orient et la milice palestinienne. La première clôture israélienne autour de Gaza est mise en place en 1995. Les premières roquettes palestiniennes sont tirées en 2001. Le perfectionnement de la clôture israélienne est suivi du creusement par les groupes militaires palestiniens de tunnels artisanaux.

Escalade dans la violence

Parallèlement, les roquettes palestiniennes gagnent en portée et en fiabilité. Cette avancée contraint l’armée israélienne à des offensives répétées en 2008, 2012, 2014 et 2021, régulièrement accompagnées par des incursions au sol, malgré le développement du Dôme de fer, un dispositif antiaérien vanté pour son efficacité.

L’armée israélienne ne cesse de perfectionner son dispositif autour Gaza, notamment pour bloquer les tunnels. Mais la phase militaire de l’attaque du 7 octobre est venue des airs, notamment avec la neutralisation par des drones d’une partie du dispositif israélien, ce qui a permis d’enfoncer cette clôture pourtant présentée comme un exemple d’excellence technologique.

Cette course-poursuite s’est accompagnée d’une escalade dans la violence dont les massacres du 7 octobre constituent le paroxysme côté palestinien. Côté israélien, un palier a été franchi en juillet 2002 avec le largage d’une bombe d’une tonne pour tuer un haut responsable du Hamas, Salah Chéhadé, au prix de quatorze morts collatérales et plus d’une centaine de blessés. Le bombardement meurtrier de Jabaliya, le 31 octobre, lui fait écho. La seconde intifada (2000-2005) a en fait mis un terme aux interrogations que nourrissait dans la société israélienne, jusqu’à la Cour suprême, la pratique des assassinats ciblés.

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