Pour la sixième année de suite, la démocratie a reculé dans le monde en 2022

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Sur tous les continents, la démocratie continue à s’éroder. Publié le 2 novembre, le rapport annuel de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), une organisation intergouvernementale basée à Stockholm, ne surprend pas, mais il interpelle : pour la sixième année de suite, en 2022, le nombre de pays connaissant un déclin démocratique excède celui où la démocratie a progressé, constituant ainsi la plus longue période de recul depuis 1975.

Au-delà de ce déclin, « qui n’est pas nouveau », rappelle Seema Shah, en charge du département d’évaluation à l’IDEA, les auteurs du rapport alertent sur son intensification. « C’est préoccupant car ce déclin n’est pas seulement à l’œuvre dans des pays peu performants, mais également dans ceux qui ont l’habitude d’être tout en haut du tableau, ce qui pose la question de leur avenir comme modèles pour le reste du monde », précise Mme Shah.

L’Europe reste le continent qui affiche les meilleurs résultats en termes de représentation, de participation, de fonctionnement de l’Etat de droit et de respect des libertés. Cependant, certains de ces principes sont remis en cause, y compris dans des démocraties établies, telles que le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l’Autriche. Critiqué pour des réformes électorales intervenues tard et manquant de transparence, le Portugal passe, par exemple, de la 9e à la 22e place en matière de représentation.

Leaders populistes

L’IDEA s’inquiète également d’une érosion de certains droits en Europe, comme la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association et de réunion. « L’espace où peuvent s’exercer ces droits, qui sont essentiels pour le fonctionnement de la démocratie, est en train de se refermer », déclare Seema Shah. Elle cite la France, qui a connu « un recul conséquent de la liberté d’association ces cinq dernières années », en particulier en ce qui concerne « la possibilité pour les organisations représentant la société civile d’opérer en dehors du contrôle du gouvernement » et « les tentatives de répression des activités de ces organisations par le gouvernement ».

Selon le rapport, cette détérioration des droits en Europe et ailleurs « a été exacerbée par l’érosion des “poids et contrepoids” formels [checks and balances, en anglais] – les élections, les parlements et les tribunaux – qui ont du mal à faire appliquer la loi et à demander des comptes aux responsables politiques ». « Il semble que nous ayons atteint un point de bascule », note Mme Shah. Le risque, poursuit-elle, est de voir des leaders populistes occuper l’espace : « Ils peuvent avoir été élus de manière équitable, mais feront tout, ensuite, pour démanteler les contre-pouvoirs, en changeant le code électoral ou les règles de financement des campagnes, par exemple. »

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