A l’appel de plusieurs associations et collectifs, des milliers de personnes ont participé, samedi 28 octobre, à Paris, dans le calme, à un rassemblement « de soutien au peuple palestinien », aux cris notamment de « Gaza, Gaza, Paris est avec toi », a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Des tensions ont toutefois éclaté avec les forces de l’ordre lors de la dispersion des manifestants.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a chiffré entre « 3 000 et 4 000 » le nombre de participants. Intervenant sur BFM-TV, il a rapporté que les forces de l’ordre avaient procédé à 18 h 30 à « plusieurs centaines de verbalisations ». A 20 h 30, selon un nouveau bilan de la préfecture de police, « 21 interpellations et 1 359 verbalisations ont été réalisées ». L’amende est de 135 euros pour participation à une manifestation interdite.
« Cette manifestation qui devait se tenir en déambulation de la place du Châtelet à la place de la République, dans les conditions dans lesquelles elle avait été déclarée, n’a pas eu lieu en réalité », a fait valoir le préfet. Il a expliqué que les forces de l’ordre avaient « encerclé » les manifestants place du Châtelet pour les empêcher de « partir en déambulation ».
M. Nuñez également affirmé que les forces de l’ordre avaient constaté qu’avaient été prononcés des « slogans qui posent problème, qui s’apparentent à l’apologie du terrorisme », ajoutant qu’il « saisirait la justice ».
La foule s’est rassemblée malgré l’interdiction de cette manifestation par M. Nuñez, par un arrêté du 26 octobre. Le tribunal administratif avait même validé samedi à la mi-journée l’interdiction préfectorale de cette manifestation, invoquant « la gravité de risques de troubles à l’ordre public » et « un contexte de tensions exacerbées lié aux événements dans la bande de Gaza avec une montée, en France, des actes antisémites ».
Le 18 octobre, le Conseil d’Etat avait rappelé au gouvernement que les manifestations propalestiniennes ne pouvaient être interdites systématiquement et qu’il revenait aux seuls préfets d’apprécier s’il y avait localement un risque de troubles à l’ordre public.
Des élus de La France insoumise et des écologistes
Les manifestants se sont réunis en début d’après-midi sur la place du Châtelet, en plein centre de la capitale. Samia Orosemane, humoriste, exhibait une pancarte : « Où est passée notre humanité ? » « Ce n’est pas normal qu’un cessez-le-feu n’ait pas été demandé, qu’il y ait des milliers de civils qui meurent et que personne ne dise rien », et que « dans le pays des droits de l’Homme, on nous empêche de manifester », a-t-elle dit à l’AFP.
Parmi les manifestants figuraient également des élus arborant leur écharpe tricolore. Parmi eux, plusieurs élus écologistes, comme Sandrine Rousseau, Aurélien Taché, ou Yannick Jadot. Les députés de La France insoumise (LFI), Jérôme Legavre et Thomas Portes étaient également présents.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
« L’urgence, c’est le cessez-le-feu, arrêter de tuer des femmes, des enfants, des hommes », a estimé sur place la maire adjointe de Corbeil-Essonne, Elsa Touré, tout en faisant valoir que « l’Etat israélien marche sur le droit international depuis des années ».
Mais la foule a été empêchée de se mettre en mouvement par un très important dispositif policier. Trois militants LFI ont dialogué avec des policiers qui les ont avertis qu’ils risquaient d’être « verbalisés, à 135 euros » s’ils restaient. « Aux Etats-Unis il y a des milliers de manifestants qui demandent un cessez-le-feu, dans d’autres pays également, et en France, c’est interdit alors que ce qui s’est passé hier, c’est un crime de guerre voire contre l’humanité, la justice internationale jugera », a protesté anonymement auprès de l’AFP l’un d’eux, Raymond, après une nuit de bombardements sans précédent effectués par l’armée israélienne sur la bande de Gaza.
Des manifestants entonnaient également : « Gaza, Gaza, Paris est avec toi » et : « C’est l’humanité qu’on assassine, enfants de Gaza, enfants de Palestine. » D’autres : « Israël assassin, Macron complice. » « On est en France, on devrait avoir le droit de s’exprimer, ce qui nous touche le plus, c’est que des enfants meurent », commentait une manifestante de 23 ans, Sarah.