Election présidentielle en Argentine : la droite implose face au libertarien Javier Milei

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Patricia Bullrich et Javier Milei, candidats à l’élection présidentielle argentine, lors d’un débat à Buenos Aires, le 8 octobre 2023.

Il n’y aura pas de front républicain en Argentine. L’ultralibéral Javier Milei a reçu un soutien de poids en vue du second tour de la présidentielle, prévu le 19 novembre : celui de Patricia Bullrich, candidate malheureuse de la coalition de centre droit Juntos por el Cambio (« Ensemble pour le changement »), arrivée en troisième position (23,8 %) au premier tour, le 22 octobre. L’outsider d’extrême droite arrivé deuxième, avec 30 % des suffrages (derrière le candidat du péronisme, Sergio Massa, 36,7 %), a célébré le ralliement de celle qu’on surnomme « Pato » (qui veut aussi dire « canard » en espagnol) en publiant sur ses réseaux sociaux le dessin d’un lion – animal auquel il s’identifie, lui le candidat rugissant – enlaçant tendrement un petit canard blanc.

La décision de Patricia Bullrich – présidente de l’aile la plus à droite de la coalition, Propuesta republicana (PRO), parti fondé par l’ancien président Mauricio Macri (2015-2019) – et de son colistier Luis Petri, annoncée mercredi 25 octobre en conférence de presse, est avant tout motivée par le rejet viscéral du kirchnérisme (courant du péronisme du nom de Nestor et Cristina Kirchner, au pouvoir entre 2003 et 2015) : « L’Argentine ne peut pas commencer un nouveau cycle kirchnériste mené par Sergio Massa (…). Cela fait vingt ans qu’ils nous enfoncent dans la décadence », a-t-elle asséné.

Oubliées, les copieuses insultes émises à son encontre par Javier Milei pendant la campagne : « Nous nous sommes pardonné. » Le candidat populiste l’avait notamment traitée d’« assassine », de « poseuse de bombes dans des écoles maternelles » lorsqu’elle était militante de gauche dans les années 1970. Patricia Bullrich avait annoncé porter plainte contre Javier Milei. Cette plainte a fait l’objet d’un « accord confidentiel » dans le cadre de son soutien politique, a-t-elle avancé, mercredi.

Délaissant le ton agressif avec lequel il a l’habitude de fustiger la « caste » – comme il désigne ceux qui se sont partagé le pouvoir depuis quarante ans, Juntos por el Cambio y compris –, Javier Milei avait clairement ouvert la porte à la coalition de droite après les résultats du premier tour.

Vif rejet du courant centriste

Le soutien de Patricia Bullrich, annoncé à titre individuel, déclenche une crise sans précédent au sein de Juntos por el Cambio, déjà largement bousculée par l’irruption de Javier Milei dans la vie politique il y a trois ans. Le courant centriste incarné par l’Union civique radicale (UCR, parti fondé à la fin du XIXe siècle et membre de l’Internationale socialiste) a exprimé son vif rejet de l’accord. L’UCR « ne soutiendra aucun des deux candidats », ont déclaré les radicaux dans un communiqué le 25 octobre. Le texte fustige « l’extrémisme démagogique de Javier Milei ». « Son espace politique et la violence qui émerge de ses propos et de ses gestes, à l’encontre du vivre-ensemble, n’ont rien à voir avec notre parti », poursuit l’UCR. Différents cadres du parti ont exprimé leur malaise face à une décision prise sans consultation interne préalable. « C’est une farce, Milei est un charlatan. La patrie court le risque de connaître sa nuit la plus sombre », a dénoncé Gerardo Morales, gouverneur radical de la province de Jujuy (nord-ouest du pays).

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