La grève touche sans doute à sa fin à Detroit (Michigan). Le syndicat United Auto Workers (UAW) a indiqué, mercredi 25 octobre, dans la soirée, être parvenu à un accord de principe avec Ford, après six semaines de grève, tandis que les négociations se poursuivent avec Stellantis et General Motors (GM).
L’accord doit être à présent ratifié par les 47 000 syndiqués de Ford. Il prévoit une augmentation salariale de 25 % sur quatre ans, dont un bond de 11 % la première année. Au bout de quatre ans, le salaire horaire maximal serait de 40 dollars (37,90 euros), en hausse d’un tiers, selon le négociateur d’UAW pour Ford, Chuck Browning, tandis que le salaire minimal va augmenter de 68 %, pour atteindre 28 dollars. Désormais, il ne faudra plus que trois ans, contre huit actuellement, pour avoir le salaire plein – des salaires différenciés ont été introduits après la faillite de Detroit, en 2009. Les retraites sont améliorées, tandis que les salariés auront droit de faire grève en cas de fermeture d’usine, ce qui est une première.
Le président Joe Biden, qui avait pris fait et cause pour le syndicat en se déplaçant sur un piquet de grève fin septembre, a immédiatement salué la nouvelle. « Cet accord de principe offre une augmentation record aux travailleurs de l’automobile qui ont tant sacrifié pour garantir que nos trois grandes entreprises emblématiques puissent toujours dominer le monde en matière de qualité et d’innovation », se réjouit le président dans un communiqué.
M. Biden, qui se présente comme le président le plus prosyndicat que le pays ait connu, a répété son credo : « J’ai toujours cru que la classe moyenne avait construit l’Amérique et que les syndicats avaient construit la classe moyenne… Le pouvoir des travailleurs est essentiel à la construction d’une économie à partir de la base, plutôt que du haut vers le bas. »
« Nous renversons la tendance »
L’accord est une victoire manifeste pour le patron du syndicat UAW, Shawn Fain, dont le mouvement était populaire aux Etats-Unis et profitait du mécontentement face à une inflation qui a atteint 17 % depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. « Ensemble, nous renversons la tendance pour la classe ouvrière de ce pays », a estimé M. Fain.
Cet ancien électricien de Chrysler, élu au printemps à 54 ans, incarne l’aile gauche du syndicat, après que la précédente direction a été condamnée pour corruption en 2020 et jugée trop conciliante avec le patronat. La nouvelle stratégie agressive portée par M. Fain était fondée sur la dénonciation des superprofits engrangés depuis le Covid par Ford, Stellantis et GM. Le bénéfice opérationnel mondial cumulé des trois constructeurs de Detroit s’est envolé de 4,8 milliards de dollars, en 2020, à 29,4 milliards de dollars en 2021 et à 37,2 milliards de dollars en 2022.
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