Guerre Israël-Hamas : à Tel-Aviv, les mots de douleur et de rage d’une jeunesse traumatisée

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Ils s’appelaient Omri Belkin, Ilan Lipovetsky, Maya Poder, Bruna Valeanu, Avraham Giad Tiberg, Roee Negri, Uri Arad… Ces jeunes, hommes et femmes, auraient dû effectuer leur rentrée à l’université de Tel-Aviv en ces chaudes et belles journées d’automne pour étudier le droit, l’économie, la psychologie, le cinéma ou la communication. Mais ils sont morts, samedi 7 octobre, lors de l’attaque du Hamas. La jeunesse de Tel-Aviv, plus TikTok qu’orthodoxe, libérale, souvent à gauche – en tout cas loin de l’extrême droite –, parmi les plus tolérantes, les plus ouvertes aussi aux droits des Palestiniens, a été fauchée par les balles des terroristes lorsque ceux-ci ont attaqué les soldats de la frontière et les milliers de participants à une rave-party près de la bande de Gaza.

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Une jeunesse festive que l’on voit, sur les vidéos récupérées dans les caméras GoPro des assaillants, être abattue à la kalachnikov. Poursuivie puis exécutée au milieu des champs ou à l’intérieur des voitures. Emmenée, avec des habitants des kibboutz, terrifiée, sur des motos ou à l’arrière de voitures, otage du Hamas.

La liste des morts de l’université ne cesse de s’allonger, au fil des découvertes de dépouilles dans la campagne, puis du long processus d’identification des corps mutilés. Jeudi 19 octobre, la professeure Drorit Neumann, doyenne chargée de la vie étudiante, lit un e-mail reçu quelques minutes plus tôt. « Chère Drorit, j’ai le regret de t’informer du décès d’une autre de nos étudiantes, Maayana, le 7 octobre, près de Gaza. » Les survivants et les enseignants enchaînent les enterrements. Une soixantaine au total, en comptant les enfants, les frères, sœurs ou parents d’étudiants – tous ceux qui constituent l’entourage immédiat des défunts, si importants dans la culture juive du deuil.

A l’université de Tel-Aviv (Israël), le 19 octobre 2023.

Dans l’immense amphithéâtre de l’université, la photographie de chacun des 1 300 morts et des deux cents otages a été posée sur chaque siège de l’auditorium. La jeunesse disparue d’Israël semble vous regarder fixement. Les visages d’une génération fauchée le 7 octobre. Car, sur les listes de morts publiées à l’échelle du pays par le gouvernement, les 18-30 ans constituent l’essentiel des victimes, soit qu’ils ont été tués alors qu’ils effectuaient leur service militaire près de Gaza (310 soldats morts au total), soit qu’ils participaient à la rave-party (250 décès).

« L’histoire se répète »

Une génération qui n’a pas fini de payer son tribut à la guerre : les jeunes hommes et femmes qui effectuent leur service militaire (60 % de chaque tranche d’âge) et les moins de 40 ans qui forment la réserve vont constituer l’essentiel des troupes engagées contre le Hamas pendant des mois, peut-être des années. Sur les 30 000 étudiants de l’université de Tel-Aviv, plus de 5 000 ont été appelés toutes affaires cessantes à rallier leur unité.

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