Les accords commerciaux Union européenne (UE) – Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), négociés en 2019 mais toujours pas entrés en vigueur à ce jour, illustrent les divergences franco-allemandes sur les questions commerciales, à la fois sur le fond et le calendrier.
L’Allemagne est à la recherche de nouveaux partenariats. Consciente de l’existence d’une fenêtre de tir, elle estime qu’on ne peut plus temporiser et s’efforce de rallier d’autres pays européens qui craignent parfois qu’elle veuille faire « cavalier seul ».
En France, si le débat autour de la réindustrialisation prédomine, celui autour de la conclusion de nouveaux accords commerciaux est quasi inexistant. Résultat : le tandem franco-allemand, si essentiel pour impulser une dynamique à l’échelle de l’UE, dont elle a urgemment besoin face à des défis amplifiés par la guerre d’agression de la Russie en Ukraine, est en quête d’une boussole.
Allemagne : prise de conscience de la « politisation du commerce »
Pourtant plusieurs voyants sont au vert pour la matérialisation des accords UE-Mercosur. L’UE cherche à réduire ses dépendances par rapport à des pays tiers et cible de nouveaux partenaires. Les pays du Mercosur souhaitent renforcer leur base industrielle grâce à des investissements étrangers. La présidence espagnole du conseil de l’UE, ainsi que la victoire aux élections présidentielles de Luiz Inacio Lula da Silva, qui succède au populiste Jair Bolsonaro, au Brésil laissaient également présager une issue positive à la conclusion de ces accords. Berlin et Paris parviendront-ils à s’accorder sur ce sujet ?
L’Allemagne se voit contrainte de réinventer son modèle économique face à un contexte géopolitique tendu qui remet en question la compétitivité de sa base industrielle. La sécurité des chaînes d’approvisionnement est devenue une priorité, et Berlin recherche des alternatives énergétiques à la Russie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
La prise de conscience croissante de la « politisation du commerce » la rend également plus prudente par rapport à la Chine, autre régime autoritaire qui a déjà démontré à plusieurs reprises qu’il n’hésiterait pas à utiliser son poids économique pour atteindre des buts politiques. C’est pour prévenir ces risques que Berlin a inclus la résilience économique dans la Stratégie nationale de sécurité allemande adoptée en juin 2023 par le gouvernement allemand et complétée par la « Stratégie Chine » un mois plus tard. L’accent y est particulièrement mis sur la réduction des dépendances unilatérales et sur la diversification.
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