En Israël, la difficile identification des corps mutilés lors de l’attaque du Hamas retarde le deuil des familles

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Dans la lumière de la fin d’après-midi, dimanche 15 octobre, la voix d’un père résonne, tremblante, au milieu du cimetière de Givat Shaul à Jérusalem. Il s’adresse une dernière fois à son fils, Idan, mort dans l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre : « Après huit jours, enfin, tu peux te reposer en paix. » Plusieurs centaines de proches écoutent la prière, le chant de sa grande sœur, puis accompagnent le jeune homme de 25 ans jusqu’à sa tombe dans les collines de la Ville sainte. « On a reçu l’appel hier. Après shabbat. Et notre vie a changé pour toujours », poursuit, en larmes, le frère de Idan.

Enterrement d'une victime des attentats du 7-Octobre au cimetière Givat Shaul, à Jerusalem, le 15 octobre 2023.

C’était l’appel des autorités, tant redouté des familles qui comptent des disparus parmi leurs proches. Il a souvent tardé à venir. Soit que les corps aient été retrouvés récemment. Soit que leur identification ait été rendue difficile par leur état dégradé.

Le dernier bilan de l’assaut du Hamas est de 1 400 morts. Il a provoqué une réplique aérienne causant la mort de plus de 2 750 personnes dans la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre, Israël enterre donc ses morts, tous les jours, par dizaines et dizaines, dans les cimetières du pays. « J’en suis à mon quatrième enterrement, dont celui de ma meilleure amie », témoigne Yovel R., 25 ans, étudiante à Tel-Aviv. La taille du pays fait que de nombreux Israéliens ont participé à deux, trois, parfois cinq ou dix cérémonies depuis une semaine.

Les services funéraires ont d’abord croulé face au nombre de corps à prendre en charge – au point que ZAKA, l’ONG qui s’occupe des victimes en Israël, a lancé un appel aux dons. « Nos équipes fouillent les champs autour des kibboutz, et continuent de trouver des corps de ceux qui ont voulu fuir, explique Mendi Habib, un des cadres de l’organisation dans le centre du pays. On les transporte dans des camions qui peuvent contenir jusqu’à cinquante corps. »

Nachman Dyksztejn, membre de l’ONG ZAKA, pose dans les bureaux de l’organisation, à Jérusalem, le 16 octobre 2023.

Un grand nombre de dépouilles étaient trop abîmées pour permettre de vérifier leur identité. Elles ont donc d’abord été stockées dans la base militaire de Shura. Elles ont ensuite été transférées vers un centre d’identification et de médecine légale, à Tel-Aviv.

Tâche colossale

Dans l’arrière-cour de ce centre, où Le Monde s’est rendu, l’odeur est difficilement soutenable, même à l’air libre. Une quinzaine de dépouilles, dans des sacs plastiques noirs posés sur des civières, attendent d’être emportées à l’extérieur. Certains sacs, plus petits, ne comportent que des restes humains, récupérés dans les nombreuses maisons incendiées dans les kibboutz attaqués près de la bande de Gaza.

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