C’est le nouveau rendez-vous quotidien à Souweïda, dans le sud de la Syrie. Vendredi 29 septembre, entre 2 000 et 2 500 personnes ont manifesté contre le gouvernement de Bachar Al-Assad, dans cette ville où un mouvement de contestation dure depuis plus d’un mois. Mi-août, des rassemblements s’étaient organisés après l’annonce d’une levée des subventions sur les carburants faite par le gouvernement, affectant une population déjà éprouvée par plus de douze ans de guerre.
Vendredi 15 septembre, entre 3 500 et 4 000 personnes s’étaient rassemblées à Souweïda. Deux jours plus tôt, trois protestataires avaient été blessés par des tirs de gardes du parti Baas, lors d’une manifestation pacifique où les manifestants s’attaquaient à des symboles du pouvoir, déchirant des portraits du président Assad. Jusqu’alors, le pouvoir avait laissé les manifestations se tenir à Souweïda sans les réprimer.
Les femmes en première ligne
Les femmes jouent un rôle grandissant dans les rassemblements pacifiques, et sont souvent au premier rang, selon des témoignages recueillis par l’Agence France-Presse (AFP) : « La différence aujourd’hui c’est que les femmes ne se bornent pas à manifester, elles planifient et organisent le mouvement », a affirmé Wajiha, une militante qui n’a pas souhaité donner son nom de famille pour des raisons de sécurité. Selon elle, les femmes « décident des slogans, fabriquent les banderoles et coordonnent leur action avec les villageois des environs qui organisent également des manifestations dans leurs localités ».
« Bachar doit partir », a également affirmé à l’AFP une autre manifestante, Sana, 50 ans, qui a
elle aussi refusé de donner son nom complet. Un autre participant brandissait une pancarte énumérant les revendications des protestataires, parmi lesquelles figuraient la formation d’un gouvernement transitoire, « une nouvelle Constitution », la libération des détenus et le retour des déplacés.
La ville méridionale, fief de la communauté druze, une secte ésotérique estimée à environ 3 % de la population syrienne, était restée relativement à l’écart du conflit qui a éclaté en Syrie en 2011. Depuis lors, des dizaines de milliers de jeunes hommes de Souweïda ont refusé d’effectuer leur service militaire, et les forces de sécurité gouvernementales ont une présence limitée dans la région.