En Ukraine, le retour de la guerre des tranchées

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L’unité d’infanterie de la 28ᵉ brigade dans une tranchée du Donbass (Ukraine), le 21 septembre 2023.

Depuis plusieurs semaines, les vidéos du front diffusées sur les réseaux sociaux ukrainiens montrent les mêmes scènes. Filmées depuis le ciel par des drones de reconnaissance, des sections de soldats ukrainiens s’approchent à pied des tranchées occupées par les Russes dans le sud du pays, sur la ligne allant de Zaporijia à Donetsk, là où se concentrent aujourd’hui les plus violents affrontements. Les échanges de tirs sont nourris, les combats presque au corps à corps. Aucune trace d’un appui aérien ou de blindés. Méthodiquement, les soldats de Kiev nettoient les fortifications ennemies, boyau par boyau, casemate par casemate, en essayant de limiter leurs pertes.

Alors que la guerre moderne se caractérisait depuis plusieurs décennies par des combats à distance, à l’aide de moyens aériens ou de blindés, la contre-offensive engagée début juin par Kiev se distingue par l’importance accordée à l’infanterie, devenue le facteur essentiel de la progression de ses forces. « Les Ukrainiens redécouvrent la guerre de tranchées et adoptent des tactiques ressemblant à celles des Sturmtruppen allemands », ces unités de choc créées lors de la première guerre mondiale pour prendre d’assaut les lignes des Alliés, explique Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense, à l’université Lyon-III.

Au printemps, les militaires occidentaux pariaient pourtant sur des attaques de blindés pour percer les lignes de fortifications érigées par les Russes. Une tactique préconisée par les manuels de l’OTAN et qui a fait ses preuves lors des derniers conflits, notamment en Irak en 2003. Les Ukrainiens eux-mêmes le laissaient accroire, en réclamant des engins blindés à leurs alliés. Un plaidoyer plutôt réussi : plusieurs dizaines de chars allemands Leopard et britanniques Challenger ont été, depuis, livrés aux forces de Kiev. Le 25 septembre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a encore annoncé l’arrivée des premiers tanks Abrams américains, dont 31 unités ont été promises par Washington.

Des lignes saturées de mines

Mais l’utilisation de blindés pour s’attaquer au système de défense fortifié par les Russes dans le sud et l’est du pays, appelé « ligne Sourovikine », du nom du commandant en chef des forces russes en Ukraine entre octobre 2022 et janvier 2023, s’est rapidement avérée inefficace. Des images mises en ligne dès la mi-juin ont montré des chars ukrainiens détruits ou immobilisés par des mines ou des tirs d’artillerie dans la région de Zaporijia. « Les Ukrainiens sont arrivés en colonne sur des positions défendues, sans préparation d’artillerie ni fumigènes pour cacher leur progression. Cela ne pouvait pas marcher », déplore une source militaire française. Selon une estimation occidentale, les premières unités envoyées « brécher » les tranchées russes auraient enregistré jusqu’à 20 % de pertes.

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