Ariane Lavrilleux appelle « à défendre la liberté de la presse et la protection des sources », après une décision judiciaire « scandaleuse »

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La journaliste Ariane Lavrilleux, à Paris, le 21 septembre 2023.

Au terme des cinq jours de réflexion, le juge des libertés et de la détention a fini par trancher. Il a finalement versé à la procédure, mercredi 27 septembre, sept des dix scellés obtenus lors de la perquisition au domicile de la journaliste Ariane Lavrilleux, le 19 septembre, dans le cadre d’une enquête sur des atteintes au secret-défense dont est accusé le média Disclose. Ce jour-là, neuf agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avaient aspiré – aidés de logiciels permettant de passer outre les codes de sécurité de ses téléphones et de ses ordinateurs – ses données, lors d’une perquisition de dix heures sous le contrôle d’une juge d’instruction.

Dans une vidéo postée sur X (anciennement Twitter) publiée en début de soirée, la journaliste – qui n’est pas poursuivie en justice pour le moment et n’a pas accès au dossier – dénonce « une décision absolument scandaleuse qui très inquiétante pour la presse et les journalistes ». « Tout cela serait justifié par un impératif prépondérant d’intérêt public pour le juge. De quel intérêt public s’agit-il ? Personne ne le sait », tance Mme Lavrilleux dans cette vidéo.

Ariane Lavrilleux appelle toute la profession à réagir de manière urgente. « Il faut passer à la vitesse supérieure en termes de mobilisation, il faut un sursaut général pour défendre la liberté de la presse et la protection des sources », a-t-elle confié au Monde, mercredi soir.

« Usage abusif du secret-défense »

« On est très inquiets face à ce qui semble être un usage abusif du secret-défense et une atteinte chaque jour plus probable au secret des sources », expliquait, quelques minutes plus tôt, Thibaut Bruttin, adjoint au directeur général de Reporters sans frontières (RSF). Pour RSF, il est nécessaire de réviser la loi Dati de 2010, qui protège les journalistes mais qui reste plus que critiquable tant elle permet aux enquêteurs de porter atteinte « directement ou indirectement au secret des sources » si un « impératif prépondérant d’intérêt public » le justifie. Selon l’ONG, la loi sur la liberté de la presse de 1881 devrait prévoir des garanties beaucoup plus strictes pour protéger les journalistes et leurs sources dans des enquêtes sur des sujets d’intérêt général.

Le placement en garde à vue de la journaliste pendant près de quarante heures, les mardi 19 et mercredi 20 septembre, avait ému la profession. Une quarantaine de sociétés de journalistes, dont celle du Monde, avaient dénoncé une « situation gravissime » et une « attaque sans précédent contre la protection du secret des sources ».

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