
Ce soir du 8 septembre, il était Cindy Envy. Et, sur le plateau de la chaîne privée flamande VTM, il a fait sensation, déguisé en drag-queen lors de l’émission « Make Up Your Mind », importée des Pays-Bas. Il a même remporté le concours. Mais ce qui a vraiment étonné les deux jurys, l’un composé de queens professionnelles, l’autre de personnalités flamandes, c’est que derrière cette reine en robe orange se cachait en réalité Sammy Mahdi, président du parti Chrétiens-démocrates et flamands (CD & V). Cette formation de centre droit, dont les élus à Strasbourg sont membres du Parti populaire européen (PPE), au côté notamment des Républicains français et de la CDU allemande, a un électorat conservateur.
Si l’apparition dans une Drag Race de Brice Hortefeux, de François-Xavier Bellamy ou de Manfred Weber – le chef du groupe PPE au Parlement européen – semble improbable, celle du président de ce parti qui, depuis les années 1970, a livré sept premiers ministres à la Belgique n’a apparemment pas ébranlé outre mesure les téléspectateurs. Les attaques d’un député du parti d’extrême droite Vlaams Belang (la formation la plus populaire en Flandre
à l’heure actuelle, selon les sondages) avant même la diffusion de l’émission n’ont pas empêché le programme d’être un succès.
Pas moins de sept cent mille personnes étaient devant leur écran, ignorant les critiques de ceux qui voient dans « Make Up Your Mind » une menace pour les valeurs traditionnelles. « C’est un programme feel good, pour toute la famille, dont le message est que chacun doit pouvoir être qui il veut », expliquait le directeur d’antenne de VTM, sans toutefois confirmer que l’expérience serait renouvelée en dépit des bonnes audiences.
« Message sociétal »
Sammy Mahdi a pris quelques risques en s’alignant en drag au côté d’un ancien joueur de foot devenu consultant, d’un présentateur de journaux télévisés ou d’un chanteur. Une partie du public a peut-être eu du mal à comprendre le sens de sa performance, une autre a pu se demander si c’était bien le rôle d’un député et chef de parti de se trouver là, une troisième se
rappeler que, lorsqu’il occupait un poste de secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, entre 2020 et 2022, il n’avait pas fait preuve d’une mansuétude particulière à l’égard des demandeurs d’asile LGBT.
Sammy Mahdi a expliqué après coup pourquoi il avait voulu appuyer le « message sociétal » de l’émission. « Les shows de drag-queens sont interdits dans le Tennessee, aux Etats-Unis, et en Italie, ils sont bannis à la télévision, a-t-il expliqué. Beaucoup de droits acquis sont parfois remis en question. Aujourd’hui, les shows de drag-queens, demain peut-être le mariage gay. Il faut continuer à mener ce combat et, si je peux le faire sur des talons de 20 centimètres, c’est avec grand plaisir. »
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