
Une Europe « ni protectionniste ni naïve » face à la concurrence chinoise sur les voitures électriques. Voilà ce que demande Sigrid de Vries, la directrice générale de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), depuis le mois de juin. Elle a donc salué la décision − annoncée le 13 septembre − de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de lancer une enquête pour déterminer le niveau de subvention publique dont bénéficient ou ont bénéficié les véhicules chinois importés en Europe.
Cette annonce montre que « la Commission européenne reconnaît la situation de plus en plus asymétrique à laquelle notre industrie est confrontée et se penche en urgence sur les distorsions de concurrence dans notre secteur », a déclaré Sigrid de Vries.
Les importations bon marché depuis la Chine « ont déjà un impact sur les parts de marché des constructeurs européens à domicile, avec une hausse massive des importations de véhicules électriques ces dernières années », a souligné Mme de Vries. Marc Mortureux, le directeur général de la Plateforme automobile (PFA), organisation qui regroupe tous les acteurs de la filière en France, est sur la même ligne : « Nous accueillons favorablement la décision de la Commission. Il est légitime que l’Union européenne défende ses intérêts. Nous avons besoin d’un terrain de jeu équitable, et si les pratiques visées sont contraires aux règles du commerce, international, il est indispensable que l’Union européenne réagisse. »
Subventionnement indu
L’association des constructeurs allemands VDA, pour qui la Chine est un très gros marché, à la différence de Renault ou Stellantis, est plus circonspecte : elle redoute des mesures de rétorsions qui seraient dommageables pour ses adhérents. Interrogés par Le Monde à Munich, Walter Mertl, le directeur financier de BMW, ou Thomas Schäfer, le patron de la marque Volkswagen, n’ont, à aucun moment, appelé de leurs vœux une telle décision.
En précisant bien qu’il ne préjugeait pas de l’issue de l’enquête − qui a treize mois pour aboutir − Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, en a dit un peu plus long sur ce que pourraient être les conséquences d’un subventionnement indu de l’industrie : « En général, ça se traduit par des augmentations de droits de douane de 10 à 20 %. » Aujourd’hui, ces droits sont de 10 %, alors que ceux payés par les voitures européennes entrant en Chine sont de 25 % et ceux des voitures chinoises arrivant aux Etats-Unis sont de 27,5 %. Selon le cabinet de conseil AlixPartners, les aides d’Etat chinoises pour développer les véhicules électriques et hybrides auraient atteint 57 milliards de dollars (53 milliards d’euros) de 2016 à 2022. Elles auraient permis à la Chine de rafler au Japon le titre de premier exportateur automobile au premier trimestre de cette année.
Il vous reste 39.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.