Affaire Luis Rubiales : plusieurs joueuses espagnoles grévistes se sont présentées à un rassemblement de leur sélection

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L’internationale de football espagnole Olga Carmona et ses coéquipières après une rencontre avec leur sélectionneuse, à Madrid, le 19 septembre 2023.

Elles ont plié face à la menace de sanctions. Les internationales espagnoles appelées par la nouvelle sélectionneuse, Montse Tomé, se sont finalement rendues mardi 19 septembre au rassemblement de l’équipe féminine, mettant fin de fait à la grève qu’elles menaient depuis le début de l’affaire Rubiales.

Selon la presse espagnole, qui comptait une à une les arrivées des joueuses au camp d’entraînement d’Oliva, près de Valence, toutes les grévistes faisant partie de la liste de Montse Tomé, dont Alexia Putellas et Aitana Bonmati, sont arrivées au rassemblement. Il ne manquerait qu’Esther Gonzalez, blessée et indisponible, selon plusieurs médias. Au total, 19 internationales se sont présentées.

Les joueuses sont en grève depuis que Luis Rubiales, l’ancien patron du football espagnol, a embrassé de force la joueuse Jenni Hermoso après la victoire de la Roja à la Coupe du monde. M. Rubiales a depuis été contraint à la démission, après le scandale international qui s’est ensuivi et la plainte déposée par la joueuse.

Les internationales avaient clairement affirmé ne pas vouloir rejouer avant une refonte totale de la Fédération espagnole de football (RFEF). Malgré le départ de M. Rubiales et le licenciement du sélectionneur Jorge Vilda, les conditions n’étaient pas encore réunies, selon elles. Elles avaient toutefois confié qu’elles évalueraient les « éventuelles conséquences légales » d’un refus de convocation.

« Le gouvernement doit appliquer la loi »

La loi espagnole sur le sport de 2022 dispose que ne pas se rendre aux convocations des équipes nationales constitue une infraction « très grave ». Les amendes potentielles vont de 3 000 à 30 000 euros, et les joueuses peuvent même perdre leur licence pour une période pouvant aller jusqu’à cinq ans.

« Si les joueuses ne se présentent pas, le gouvernement doit appliquer la loi. Je suis désolé de le dire ainsi, mais nous devons faire ce que nous avons à faire », avait prévenu le président du Conseil supérieur des Sports (CSD), Victor Francos, sur la radio Cadena SER, alors que le CSD est habilité à prendre ce type de mesures.

Plusieurs des joueuses présentes mardi ont clairement expliqué avoir été contraintes de rejoindre le rassemblement, à l’image de la défenseure du FC Barcelone Mapi Leon, qui dénonce depuis des mois les dysfonctionnements du football féminin espagnol mais ne fait pas partie des grévistes. « Nous devons discuter longuement pour savoir si nous venons dans un endroit sûr ou non alors que nous avons été forcées de venir », a-t-elle déclaré aux journalistes à l’aéroport de Valence, avant de se rendre au camp d’Oliva.

Interrogée par un journaliste qui lui demandait si elle était « heureuse » d’être dans l’équipe, la gardienne Misa Rodriguez a pour sa part répondu « non ». Même réponse pour Alexia Putellas, qui a rejoint ses coéquipières depuis l’aéroport de Barcelone, lorsqu’un journaliste lui a demandé comment se sentaient les joueuses. « Ben, mal », a soufflé la Catalane.

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Victor Francos, également secrétaire d’Etat aux sports, devait rencontrer les joueuses dans la soirée pour tenter de sortir de la crise, ont confirmé des sources proches du CSD à l’Agence France-Presse. « Venez et nous nous engageons à rendre possible ce que vous demandez », a déclaré plus tard M. Francos à la télévision publique espagnole, cherchant à nuancer son propos. « Si une joueuse ne se sent pas à l’aise (…), la chose la plus normale est qu’elle ne soit pas convoquée et qu’une autre le soit », a-t-il poursuivi, excluant cette fois la possibilité d’une sanction.

Hermoso écartée « pour la protéger »

La sélectionneuse Montse Tomé avait créé la surprise, lundi, en annonçant une liste de quinze championnes du monde et d’autres joueuses, qui avaient demandé à ne pas être sélectionnées dans l’attente d’une refonte totale de la fédération, mais pas Jenni Hermoso.

Ecartée par Tomé « pour la protéger », Hermoso a accusé la fédération espagnole d’« intimider et menacer » les championnes du monde. Réagissant aux propos de la sélectionneuse, la numéro 10 a demandé : « Me protéger de quoi, ou de qui ? » « Il est très clair pour les joueuses qu’il s’agit d’une autre stratégie de division et de manipulation pour nous intimider et nous menacer de répercussions juridiques et de sanctions économiques », a-t-elle déclaré dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter). « La protéger de quoi si tout va bien ? », a ironisé de son côté Putellas avant son vol pour Valence.

« La RFEF n’a pas le droit de priver l’Espagne de son équipe nationale féminine, qui plus est après avoir remporté une Coupe du monde », a déclaré mardi le ministre espagnol de la culture et des sports, Miquel Iceta, demandant que la Fédération espagnole soit « un lieu de sécurité, de compétitivité et de professionnalisme ».

En plus du soutien du gouvernement, les championnes du monde ont reçu celui de leurs futures adversaires. « Si elles estiment qu’elles doivent boycotter pour que quelque chose se passe, il est clair que nous les soutenons », a assuré l’internationale suédoise Filippa Angeldahl. La gardienne Hedvig Lindahl a écrit sur X qu’elle attendait « de l’UEFA et de la FIFA [les fédérations européenne et internationale de football] qu’elles protègent les actrices du jeu qu’elles supervisent plutôt que d’ajouter de la pression ».

L’Espagne doit affronter la Suède vendredi et la Suisse le 26 septembre en Ligue des nations, tournoi qualificatif pour les Jeux olympiques de Paris 2024.

Le Monde avec AFP


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