Royaume-Uni : le Brexit, une « crevaison lente » et limitée pour l’économie

0 Shares
0
0
0

Politiquement, la question du Brexit semble de plus en plus tranchée au Royaume-Uni, avec désormais une nette majorité de Britanniques qui estiment que la sortie de l’Union européenne (UE) a été un échec. Autour de 60 % d’entre eux pensent que la décision « a été une erreur » ; seuls 10 % pensent que le Brexit se déroule bien « pour l’instant », et tout juste 30 % pensent que cela sera positif « à long terme ».

Dans ces circonstances, tous les maux du pays finissent par lui être attribués : inflation qui flambe, écoles qui s’écroulent, listes d’attente qui s’allongent dans les hôpitaux, économie qui stagne, instabilité politique… Mais est-ce vraiment le cas ?

Le 1er septembre, l’Office for National Statistics, l’équivalent britannique de l’Insee, a publié une révision statistique majeure. Celle-ci porte sur les années 2020 et 2021, pendant la pandémie. Elle en conclut que l’économie britannique était nettement plus solide qu’estimé initialement. Au quatrième trimestre 2021, le produit intérieur brut (PIB) était finalement 0,6 % au-dessus de son niveau du quatrième trimestre 2019, avant la pandémie, au lieu d’être 1,2 % en dessous, comme calculé précédemment. D’un coup, avec presque deux points de PIB retrouvés, le Royaume-Uni n’a pas l’air d’aller si mal.

Si ce nouveau calcul est correct, et si les statistiques de 2022 et 2023 ne sont pas elles-mêmes complètement modifiées, cela signifie que l’économie est aujourd’hui 1,5 % au-dessus de son niveau prépandémie. C’est similaire à la France, nettement mieux que l’Allemagne (0 %), mais moins bien que l’Italie (2,1 %), le Japon (3,5 %), le Canada (3,5 %) ou les Etats-Unis (6,1 %). Evidemment, le gouvernement britannique jubile. « Ces chiffres montrent que nous avons rebondi mieux que de nombreuses autres économies du G7 », vante Jeremy Hunt, le chancelier de l’Echiquier. Le Brexit n’aurait-il donc pas eu d’impact ?

La valse des chiffres

Pour essayer d’y voir clair, il faut comprendre la raison de la révision des statistiques. D’abord, rappelle John Springford, économiste au groupe de réflexion Centre for European Reform, il s’agit d’une seconde révision : « La précédente, un an plus tôt, avait été une correction à la baisse de 1,7 point de PIB. Cette nouvelle estimation ne fait finalement qu’annuler cette première révision. » Par ailleurs, avertit-il, la plupart des autres instituts statistiques à travers le monde travaillent aussi à une révision de leurs chiffres pour la période de la pandémie, ce qui risque de mener à de nouveaux changements dans les comparaisons internationales.

Il vous reste 56.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

0 Shares
Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

You May Also Like