Le « pacte migratoire » en cours d’adoption à Bruxelles

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Des migrants sur le port de Lampedusa (Italie), le 16 septembre 2023.

Depuis un an, la route centrale, qui passe notamment par Lampedusa, est devenue la plus utilisée par les migrants cherchant à rejoindre l’Europe à travers la Méditerranée. Depuis janvier 2023, près de 130 000 personnes – notamment des Guinéens, des Ivoiriens et des Tunisiens – sont arrivées par la mer en Italie, deux fois plus que l’an dernier à la même époque. « On retrouve à peu près les mêmes chiffres d’arrivées qu’en 2015 et 2016 et déjà, à l’époque, nous disions que ce n’était en rien comparable aux 850 000 personnes arrivées en Grèce en 2015, relativise Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour la Méditerranée. Plus récemment, l’Italie a très bien absorbé l’arrivée de 120 000 réfugiés ukrainiens en trois mois. »

Pour M. Di Giacomo, la situation actuelle est « exceptionnelle » pour Lampedusa, mais pas pour l’Italie, et encore moins à l’échelle européenne, alors que l’extrême droite européenne crie à la « submersion migratoire ». En 2015 et 2016, « environ 8 % des gens qui traversaient arrivaient à Lampedusa, rappelle M. Di Giacomo. Cette année, c’est plus de 70 %. Il y a une urgence logistique, opérationnelle », insiste-t-il.

Un mécanisme de solidarité volontaire

Le plan en dix points pour l’Italie exposé dimanche 17 septembre à Lampedusa par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, propose d’engager plus de moyens des agences de l’Union européenne pour l’asile et de surveillance des frontières (Frontex) pour accélérer et faciliter l’enregistrement des migrants arrivant en Italie. Il veut aussi faciliter le transfert des personnes vers d’autres Etats membres sur la base d’un mécanisme de solidarité volontaire, et appliquer l’accord signé le 16 juillet avec la Tunisie, pour aider celle-ci à mieux contrôler les départs de migrants de ses côtes.

« Bloquer les départs relève d’une solution à court terme », estime Flavio Di Giacomo, qui fait valoir que l’application de telles recettes avec la Libye n’a eu qu’un effet temporaire. « De nombreux migrants subsahariens fuient la Tunisie alors qu’ils y vivaient du fait du contexte dramatique sur place et en particulier des discriminations à leur égard », rappelle-t-il. « Il n’y a rien de nouveau dans ce que propose la Commission, regrette l’eurodéputé écologiste Damien Carême. C’est illusoire. Ursula von der Leyen en appelle à la solidarité volontaire entre les pays, mais ça n’a jamais fonctionné, les engagements ne sont pas tenus. »

Tant à Bruxelles que dans les capitales, ce que tout le monde attend est bien l’accord définitif sur le pacte asile et migration, en discussion depuis maintenant quatre ans. « Ce pacte est désormais en bonne voie », juge-t-on à la Commission. « Il y a encore une chance qu’il soit conclu avant la fin du mandat de la commission, en juin 2024 », estime un diplomate européen. Le 28 septembre, le Conseil doit adopter un ultime projet sur les règles en cas de crise migratoire.

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