
Minuscule recoin d’une île minuscule, le lieu reculé qui a capté en quelques jours l’attention de toute l’Europe a un sol de terre battue, des bâtiments préfabriqués, l’ombre de quelques pins et une grille métallique grise. Derrière, environnés de policiers, de militaires et d’humanitaires, des dizaines d’hommes jeunes aux vêtements abîmés et aux visages épuisés attendent, assis sur le sol, en rangées parallèles.
On va bientôt les transporter plus loin sur la route de l’exil. Matricule à cinq chiffres et code-barres accrochés au cou ou tenus à la main, ils font partie de la dizaine de milliers de personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, qui ont posé le pied à Lampedusa depuis le lundi 11 septembre, rejoignant l’Europe à la faveur de quelques jours de beau temps sur les 150 kilomètres de mer qui séparent l’île des côtes tunisiennes.
Le centre d’accueil géré par la Croix-Rouge italienne ou « hot spot » de Lampedusa, dont ils sont parmi les derniers à attendre d’être évacués, a été submergé, mercredi, par ces arrivées massives. Le site a été conçu pour abriter 600 personnes, mais ses agents ont dû faire l’impossible pour en assister dix fois plus dans des conditions très tendues.
Les images de chaos qui en ont résulté ont rebondi sur les écrans européens jusqu’à ouvrir, de Rome à Berlin en passant par Bruxelles et Paris, une séquence politique continentale sur le dossier migratoire. Dimanche matin, elle a débouché sur la venue à Lampedusa de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. En visitant le centre d’accueil et en rencontrant ses responsables, les deux dirigeantes ont pu respirer le même air que quelques-uns des migrants qui peuplent leurs discours.
Un plan en dix points
A l’aéroport de l’île, où continuent de se presser des masses de touristes venus profiter de l’été qui s’étire à l’extrême sud de l’Europe, Ursula von der Leyen, qui était accompagnée de la commissaire aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a ensuite voulu marquer une rupture après cette nouvelle crise intervenant au terme de mois de tensions sur l’île.

Avec ses 7 000 habitants, Lampedusa est une des portes d’entrée vers l’Europe depuis trois décennies. Cette année, l’île est redevenue l’étape empruntée par la majorité des migrants venus du continent africain en conséquence de l’intensification des flux sur la route tunisienne. Plus de 128 600 migrants sont arrivés en Italie depuis le 1ᵉʳ janvier, soit près de deux fois plus que l’année précédente à la même période.
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